La gauche italienne a également remporté la municipalité de Naples, troisième ville du pays, que la coalition du chef du gouvernement espérait conquérir. Mais c’est sa victoire à Milan qui pèse le plus lourd. Il s’agit d’un véritable désaveu pour Berlusconi, né à Milan et qui a bâti sa fortune, son empire médiatique et sa carrière politique dans la ville du nord de la péninsule. Avant le premier tour, « il Cavaliere » avait présenté ces élections comme un référendum sur sa personne et sa politique.
Proche de Berlusconi, la maire sortante de Milan, Letizia Moratti, a obtenu au deuxième tour moins de 45% des suffrages et elle devra céder sa place à Giuliano Pisapia. Ce candidat proche de la Refondation communiste a été soutenu par toute la gauche et, avec 55% de voix, probablement par une partie de l’électorat modéré. Le score est d’autant plus significatif que, depuis quinze ans, la gauche a toujours perdu à Milan dès le premier tour.
Les appels à la démission du chef du gouvernement
Au-delà des frasques de Berlusconi, de ses procès à répétition, ce qui inquiète jusque dans les rangs de ses partisans c’est son incapacité à relancer l’économie italienne. Le chômage est élevé, il frappe un quart des jeunes, et le niveau de vie général s’est dégradé. La dette publique est très élevée et les prévisions de croissance pour cette année ont dû être révisées à la baisse. L’opposition italienne, des démocrates-chrétiens à la gauche, multiplie les appels à la démission du chef du gouvernement.
L’échéance normale des élections législatives n’est qu’en 2013, et même s’il devait se résigner à des élections anticipées, Berlusconi ne les envisage pas avant le printemps 2012. Après la brouille avec Gianfranco Fini, le président de la Chambre des députés, le chef du gouvernement a réussi à garder une majorité en débauchant des parlementaires au centre et à gauche. Aujourd’hui, sa survie politique repose en grande partie sur l’alliance avec la Ligue du Nord, le parti d’Umberto Bossi.
Le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, membre lui-même de la Ligue du Nord, reconnaît que le résultat des municipales a été une vraie gifle. « La Lega » a perdu aux municipales plusieurs villes du Nord qu’elle pensait tenir fermement. Les militants ont tendance à imputer ce revers au chef du gouvernement et l’idée d’une rupture de la coalition fait son chemin. Mais, pour l’instant, Berlusconi bénéficie toujours du soutien d’Umberto Bossi.
Les procès continuent pour Silvio Berlusconi
Les élections ont apporté aussi d’autres soucis au chef du gouvernement italien. Le parquet de Rome le soupçonne d’avoir profité de sa position de président du Conseil pour faire campagne à la télévision publique. Les procureurs de Milan vont à leur tour enquêter, sur des interviews accordées à d’autres chaînes de télévision, dont Italia 1 qui appartient à Mediaset, l’empire média de Berlusconi.
Le chef du gouvernement italien doit faire face aussi à d’autres procès, dont celui de l’affaire « Rubygate » dans lequel il est poursuivi pour relations tarifées avec une prostituée mineure et abus de pouvoir. Ce mardi 31 mai, Berlusconi était en visite en Roumanie et il ne s’est pas présenté à la deuxième audience. Ses avocats ont contesté la compétence territoriale du tribunal de Milan, car les parties fines se déroulaient dans une villa située en banlieue. Ils ont également mis en doute sa compétence « fonctionnelle » pour l’abus de pouvoir, car Berlusconi aurait agi en sa qualité de chef du gouvernement.