La BERD emboîte le pas aux Etats-Unis pour soutenir le monde arabe

Après l’annonce par les Etats-Unis de mettre en route un vaste plan de soutien économique au monde arabe, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a décidé à son tour d’élargir son champ d’action à l‘Afrique du Nord et au Proche-Orient. Pour cela elle devra changer ses statuts.

La communauté internationale se mobilise pour aider économiquement les pays arabes en voie de démocratisation. Le président Barack Obama a promis de le faire avec tous les outils dont il dispose : diplomatiques, économiques et stratégiques. « Notre propre avenir est lié à cette région », a-t-il insisté, tout en promettant des actions concrètes. C’est ainsi que Washington va effacer un milliard de dollars de la dette égyptienne et garantir le prêt d’un autre milliard pour la croissance et la création d’emplois. Cela doit encore être approuvé par le Congrès.

La BERD voit grand

Même son de cloche du côté de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Fidèle à sa spécificité, qui est d'aider les pays en voie de démocratisation, la BERD répond ainsi à l'appel des Etats-Unis qui plaident pour le développement des investissements dans la région. Cette banque soutient depuis vingt ans les économies de l'ex-bloc soviétique. A présent, elle veut élargir ses activités au monde arabe. Et c'est une vraie mini-révolution qu’elle engage.

La BERD - qui tient son assemblée générale annuelle à Astana, au Kazakhstan, les 20 et 21 mai - a décidé d’étendre son mandat à l'Afrique du Nord et au Proche-Orient. Mais pour cela, il lui faut changer ses statuts et les faire approuver par les 61 pays qui la financent. Ce n'est pas le premier changement dans l’histoire de la BERD, mais les conséquences seront énormes : elle deviendrait la banque régionale la plus puissante du monde.

Créée en 1991 pour aider les pays de l'Europe de l'Est dans leur transition vers la démocratie et l'économie de marché, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a progressivement étendu son champ d'action aux Balkans, à la Mongolie et à la Turquie. Le nouveau périmètre d'intervention inclurait désormais la Méditerranée. D'abord l'Egypte et le Maroc, déjà actionnaires ; puis la Tunisie, qui doit faire une demande pour le devenir. Car un pays ne peut recevoir de financement sans être actionnaire. Près de trois milliards d'euros d'investissements annuels pourraient être déboursés, un tiers de ce que la BERD dépense actuellement dans sa zone d’intervention actuelle.

Un partenariat de longue durée avec le G8

C’est aussi l’intention des pays du G8 conviés à Deauville les 26 et 27 mai. Déterminés à soutenir les aspirations démocratiques des populations arabes, les membres du G8 veulent engager un partenariat de longue durée. Il sera lancé en premier lieu avec la Tunisie et l’Egypte, les deux pionniers du « Printemps arabe ». Le cadre d’un tel partenariat reste encore à définir par les gouvernements qui seront élus démocratiquement dans ces pays.

La France, hôte du sommet à Deauville, compte profiter de cette réunion pour relancer l’Union pour la Méditerranée (UPM). Il n’est pas sûr qu’elle y parvienne. La chute des présidents Ben Ali et Moubarak – deux piliers de l’UPM – et la démission de son secrétaire général Ahmed Massa’deh ont donné un coup d’arrêt à une organisation dont l’existence, dès sa création, a été accusée de complaisance envers les régimes dictatoriaux de la région.

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