Huit mille policiers et deux mille militaires sont mobilisés pour le déplacement de la reine. Les autorités craignent un attentat fomenté par des extrémistes. Une alerte à la bombe a eu lieu hier à Londres, revendiquée par des paramilitaires irlandais.
La menace est bien réelle et le dispositif de sécurité imposant. Mais tout cela a un coût, plusieurs millions d’euros, et pour les Irlandais qui tentent de surmonter la crise économique, il parait un peu exorbitant, comme l’explique Karine Fisher, maître de conférences en études irlandaises à l'université d'Orléans : « Ils pensent que ce n’est pas à l’ordre du jour dans le marasme dans lequel ils vivent actuellement, il y a beaucoup de gens qui ont un problème avec ça ».
La première visite depuis l’indépendance en 1922
Le conflit nord-irlandais avait empêché un tel déplacement jusqu'à la signature d'un accord de paix en 1998. C'est un évènement historique pour les Irlandais et seul le Sinn Fein, parti nationaliste irlandais qui souhaite la réunification, considère que la visite de la reine est prématurée.
Allan Dukes, ancien député du Finn Gael, et président de l’Alliance française à Dublin ne doute pas de l’accueil que les Irlandais réserveront à la Reine Elizabeth II : « La plupart des Irlandais considèrent que les relations avec la Grande-Bretagne sont normalisées et qu’il est tout à fait normal que la reine vienne visiter un pays voisin. Même les Républicains aiment les mariages royaux, c’est un spectacle ».
Le Premier ministre britannique David Cameron viendra rejoindre la reine mercredi soir pour assister à un diner au château de Dublin et pas seulement pour l'apparat. Comme le confirme Maurice Goldring, professeur à l'université Paris VIII, historien et spécialiste de l'Irlande du Nord : « les enjeux politiques de la visite, c’est l’officialisation des accords du vendredi saint de l’indépendance et de la partition du point de vue symbolique. C’est extrêmement important ». C'est la consécration de l’apaisement des relations entre Britanniques et Irlandais et la consécration des accords de paix .
Un déplacement hautement symbolique
La reine, commandante en chef de l’armée britannique, déposera mardi après-midi une gerbe au jardin du souvenir, érigé en l'honneur des victimes de la guerre d'indépendance, reconnaissant ainsi la légitimité de leur combat. Mercredi, Elle se rendra à Croke Park, un stade de Dublin, où la police britannique avait tiré sur les joueurs et sur les spectateurs tuant 14 personnes en 1920.
Le choix des sites visités par la reine « envoie un message fort pour cicatriser les blessures du passé » a déclaré Enda Kenny, le Premier ministre irlandais. La visite de la reine s'achèvera vendredi 20 mai, pour laisser place lundi à celle non moins attendue du président américain Barack Obama.