Grande-Bretagne, référendum sur le mode de scrutin

En Grande-Bretagne, 46 millions d'électeurs sont appelés ce jeudi 5 mai 2011 à se prononcer par référendum pour ou contre l'adoption d'un mode de scrutin alternatif plus équitable parce que moins avantageux pour les deux grand partis : le Parti conservateur et le Parti travailliste. Les partisans du changement, c'est à dire les libéraux-démocrates et une partie des travaillistes, ont tenté de mobiliser l'opinion sans grand succès.

L’initiative de ce référendum revient à Nick Clegg, le vice-Premier ministre libéral-démocrate, qui a exigé ce référendum sur le mode de scrutin pour participer au gouvernement. Les conservateurs ont fait une campagne acharnée pour maintenir le système traditionnel qui les avantage. La campagne a été vive et nos confrères de la BBC ont demandé au Premier ministre conservateur, David Cameron, s'il pouvait continuer à gouverner avec Nick Clegg qui l’a traité de menteur.

« Notre système est simple, bien compris et juste parce que chaque vote compte et que ça marche : vous pouvez changer un gouvernement qui ne vous plaît pas. Pourquoi changer pour un système utilisé seulement en Australie, aux Fidji et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce serait une énorme erreur pour le pays donc j’espère qu’il y aura un vote important pour le non et je fais campagne pour ça. C’est un moment difficile pour notre coalition mais nous démontrerons que c’est possible de continuer à gouverner avec une coalition forte et efficace dans les cinq prochaines années. »

Le Premier ministre britannique affirme que ce système alternatif, qu’il qualifie d’absurde, permettra au deuxième ou au troisième d’arriver premier. « Ce qui est insupportable aux Jeux Olympiques serait-il acceptable en politique ? » dit-il. « C’est un pur argument électoral » pour Corinne Deloy, chercheuse au CERI (Centre d'études et de recherches internationales) et à la fondation Robert Schuman, « car ce système alternatif qui fonctionne très bien en Australie, un grand pays, et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, n’a rien d’absurde ».

Cette réforme est une demi-mesure et elle ne serait d’ailleurs pas un grand bouleversement pour les Britanniques, car les conservateurs ont rejeté l’idée d’un système vraiment proportionnel. Ce système alternatif proposé aux électeurs britanniques ne fait qu’introduire un peu de proportionnalité mais il serait malgré tout plus juste que le système traditionnel car les Britanniques seraient mieux représentés au Parlement.

Avantage au non

Le maintien d’un statu quo est pourtant probable à l’issue du scrutin car les électeurs ne semblent pas déterminés à changer de système. La campagne ne les a pas passionnés. Ils semblent découragés par la complexité du sujet et préoccupés par la situation économique.

En cas d'échec, Nick Clegg, numéro deux du gouvernement et patron des libéraux-démocrates en subira les conséquences politiques mais elles ne seront pas considérables pour le politologue Roger Duclos Williams, « Ce petit pas que Clegg a essayé de faire pour les libéraux-démocrates ne leur aurait permis de gagner que 10 ou 20 sièges aux prochaines élections. Cela ne sera donc ni un grosse victoire ni un grand échec mais cela permet d’établir la possibilité d’obtenir plus tard plus de proportionnalité ».

Nick Clegg restera donc au gouvernement pour coopérer tant bien que mal avec les conservateurs mais il continuera à batailler pour un scrutin vraiment proportionnel. Ce référendum aura juste permis d’ouvrir le débat. Un référendum comme un pari sur l'avenir pour Nick Clegg qui en attendant continuera à ronger son frein au sein du gouvernement.

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