Les manifestations des Kurdes prennent de l'ampleur en Turquie

En Turquie, les protestations continuent après la décision du Haut conseil électoral de disqualifier douze candidats - dont sept kurdes - aux élections législatives du 12 juin prochain. Le Commissariat européen à l’élargissement suit de près l’évolution de la situation d’un point de vue légal et politique.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

« Une mesure incompatible avec une véritable conscience démocratique », a commenté le président de l’Assemblée nationale Mehmet Ali Sahin, trahissant le malaise qu’a suscité la décision-couperet du Haut conseil électoral. Car il n’y a que le parti ultranationaliste pour se satisfaire aujourd’hui de cette décision qui décapite le mouvement kurde, déjà passablement malmené par la justice.

A feu et à sang

L’opposition social-démocrate appelle une réunion extraordinaire du Parlement, qui est en vacances jusqu’au scrutin, dans près de deux mois. Et les Kurdes, eux, menacent de boycotter purement et simplement les urnes, ce qui laisserait la place, dans le Sud-Est où ils sont majoritaires, aux candidats du pouvoir.

Lundi 18 avril, ce sont les rues de Yüksekova et Van, dans l’Est, qui ont été proprement mises à feu et à sang. Et ce mardi 19 avril, ce sont les villes de Diyarbakir et d’Istanbul, où les leaders du Parti du peuple démocratique (pro-kurde) organisaient des sit-in, qui ont été le théâtre d'échauffourées entre jeunes manifestants et forces de police.

Dans les deux villes, des magasins, des bureaux de poste, des banques ont été saccagés et 28 personnes ont été mises en garde à vue à Istanbul. Face à cette flambée de violence, en toute fin d’après-midi, le Haut conseil électoral, par qui le scandale est arrivé, a indiqué que - malgré le dépassement de la date limite pour le dépôt des candidatures - certains recours pourraient être examinés. Il n’est pas certain que cela suffise à ramener le calme.

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