Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Les Turcs n’apprécient pas beaucoup les visites des chefs d’état-major ou commandants divers des forces armées américaines, car leur venue coïncide avec un conflit dans la région et une sollicitation pour que la Turquie y participe. C’est dans ce climat de méfiance que le Général Stavridis, commandant des forces américaines en Europe, est arrivé le 23 mars à Ankara, pour clarifier le rôle de la Turquie dans le dispositif déployé en Libye.
L’Assemblée nationale doit également se pencher sur l’implication des forces turques de l’autre côté de la Méditerranée, comme c’est le cas pour tout envoi de troupes en dehors du pays, puisque la Turquie a finalement décidé de participer à la mission de la coalition, mais pas à n’importe quelle condition.
Il y aura au moins cinq navires et un sous-marin turcs déployés au large de la Libye, c’est ce que le Premier ministre Erdogan a concédé lors d’une discussion le 22 mars au téléphone. Le Premier ministre Erdogan a finalement promis au président américain Obama qu'il mettrait à disposition ces moyens militaires pour la Libye. Mais attention, a-t-il prévenu : « nous ne tournerons jamais nos armes contre le peuple libyen », autrement dit : les Turcs ne participeront à aucun engagement militaire contre les forces de Kadhafi.
La mission de la Turquie se limitera donc à l’observation sur la surface maritime de l’embargo sur les armes et à des missions humanitaires, plutôt dans l’est du pays. Car les Turcs ne décolèrent pas sur la tournure prise par les événements depuis que la France a pris en main l’opération militaire visant à appliquer sur le terrain la résolution onusienne pour une exclusion aérienne.
Pour eux, le président Sarkozy poursuit d’autres objectifs moins nobles que la protection des populations civiles, et il a et tente toujours de court-circuiter l’Otan qui devrait être la seule en charge d’une telle mission. Les responsables turcs ne tarissent pas de critiques à l’égard de l’attitude française, surtout depuis que le ministre de l’Intérieur a qualifié de « croisade » la cause de la France en Libye, mais ils dénoncent aussi la précipitation et le manque de perspective dans cette aventure.