Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère
Sous un soleil radieux, ils étaient près de 20 000 sur les quais du Danube, pour protester contre la loi sur les médias. Beaucoup étaient venus en famille, comme Borbala, enseignante à l’université de Budapest.
Pour cette jeune mère de famille, le problème n’est pas seulement la loi, c’est aussi les journaux télévisés des chaînes publiques, complètement dominés par le gouvernement. « On voit toujours des sujets qui sont favorables au gouvernement. Les hommes politiques de l’opposition ne parlent pas, ne montrent pas leur voix dans ces journaux télévisés ».
Le gouvernement a légèrement modifié la législation. Mais celle-ci reste très dure. Exemple : le Conseil des médias, dont tous les membres sont délégués par la droite au pouvoir, peut perquisitionner quant il veut dans les rédactions et saisir tous les documents, sous peine d’amendes pharamineuses.
Conséquence : les médias ont peur et l’autocensure s’installe, comme l’explique Gabor Eröss, militant d’un petit parti d’opposition : « les médias indépendants existent de moins en moins car ils ont peur. C’est un peu un système à la Berlusconi, les uns sont à sa botte, les autres craignent de l’être ».
L’un des plus célèbres dissidents polonais, Adam Michnik, était venu soutenir ses amis hongrois. « C’est nous qui avons créé ce monde libre, a dit Michnik. Cette liberté si chèrement acquise, nous devons la défendre ».