C’est un western qui ouvrira ce jeudi soir la Berlinale. True grit des frères Joel et Ethan Coen est un remake âpre et sombre de 100 dollars pour un sheriff qui avait valu un Oscar à John Wayne en 1970. Le film est le grand favori pour les Oscars 2011 qui seront bientôt décernés. Sa projection hors compétition à Berlin coïncidera avec la première européenne du dernier né des frères Coen qui a remporté un important succès aux Etats-Unis.
La Berlinale laisse peu de place au cinéma américain grand public
Avec ce lancement, la Berlinale reste fidèle à sa tradition, à savoir débuter le festival par un film grand public hollywoodien attirant également des célébrités sur le tapis rouge. Hormis les frères Coen, Jeff Bridges également en course pour son rôle lors des Oscars sera présent ainsi que deux actrices. Mais pour le reste, la Berlinale laisse peu de place au cinéma américain grand public. Il est vrai que la concurrence entre les grands festivals est rude et que de nouveaux venus cherchent aussi à séduire les réalisateurs. Les stars sur le tapis rouge seront de ce fait moins nombreuses cette année. Le cinéma indépendant joue un rôle plus important pour cette 61ème édition qu’il soit américain –du Nord ou du Sud- ou européen.
Des thèmes assez sombres dominent une sélection plus réduite pour la compétition avec seize films cette année dont treize en première mondiale. La compétition sera ouverte officiellement vendredi avec le film américain Margin Call qui dénonce les excès de la finance. Yelling to the sky évoque un gang féminin meurtrier. 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl le film russe V subbotu (Innocent Saturday) d’Alexander Mindadze raconte comment des jeunes gens ont vécu cet événement.
Les sujets politiques à l’honneur
Les sujets politiques seront donc comme souvent à l’honneur à Berlin. Un film sur la dictature argentine dans les années 80 figurera en compétition. Dans une autre section, un documentaire sur le magnat russe Khodorkovski sera présenté. L’effraction commise dans la maison de production du réalisateur allemand à Berlin marquée par la disparition de la dernière version du film donne lieu à de nombreuses interrogations.
Politique encore avec l’absence du réalisateur iranien Jafar Panahi. Il est officiellement membre du jury dirigé cette année par Isabella Rossellini mais après sa condamnation dans son pays, il ne sera pas à Berlin. Différentes manifestations lui rendront hommage. Son film Offside primé à Berlin il y a six ans sera projeté.
Parallèlement à la présence plus modeste des films hollywoodiens, le festival donne cette année plus de place aux femmes et à de jeunes réalisateurs. Les plus anciens seront comme chaque année honorés avec une rétrospective Ingmar Bergman et deux hommages à deux Allemands, l’acteur Armin Mueller-Stahl, un des rares à avoir également fait carrière à Hollywood ainsi que le réalisateur est-allemand âgé de 100 ans Kurt Maetzig.
Deux films français en lice pour un ours d’or
La France sera présente en compétition avec deux films, mais seul Les contes de la nuit de Michel Ocelot, un film d’animation du réalisateur sur les rencontres nocturnes entre deux enfants dans un cinéma à l’abandon sera en lice pour un ours d’or ou d’argent. Les femmes du sixième étage de Philippe le Guay, projeté hors compétition, raconte l’histoire d’un agent boursier à Paris en 1960 plus très jeune qui dans son immeuble se lie d’amitié avec des femmes immigrées espagnoles.