« La liberté ne sera jamais donnée, mais sera toujours à conquérir. »
C’est par cet extrait du livre Pour une morale de l’ambiguïté de Simone de Beauvoir, que Julia Kristeva, présidente du jury, a remis le Prix Simone de Beauvoir à Ludmila Oulitskaïa. « La liberté, c’est la création, explique Julia Kristeva, pouvoir exprimer son désir de se singulariser, de partager. C’est cela que Ludmila Oulitskaïa fait, parce que c’est du roman, cela peut se lire, on apprend quelque chose d’une autre culture et on apprend à être soi-même. C’est un exemple pour toutes les femmes. »
Ludmila Oulitskaïa, âgée de 67 ans, est devenue écrivain à 50 ans, après avoir été renvoyé de son poste de généticienne à l’université de Moscou, en 1983, pour avoir caché chez elle des poèmes de dissidents. De 1983 à 1990, elle a passé tout son temps à lire pour se remplir, dit-elle. Son premier roman sera édité en France en 1993 chez Gallimard avant de l’être dans son propre pays, la Russie. Dix-huit ans d’écriture, dix livres publiés. La famille russe est son obsession. La difficulté d’être femme en Russie irrigue son œuvre. C’est tout naturellement qu’elle leur dédie ce prix. « Des femmes formidables, belles, intelligentes, courageuses, qui supportent tout et qui – à mon humble avis – sont bien mieux que les hommes. Le fait que ce sont des femmes qui sont majoritairement malheureuses, fait, que je suis proche de ce problème. »
Le féminisme, selon Ludmila Oulitskaïa, se résume en une phrase : « Une femme pleinement accomplie cesse d’être en guerre avec les hommes ».