L’écrivain marocain engagé Abdellah Taïa, lauréat du Prix de Flore

Le Prix de Flore 2010 a été remis jeudi soir 4 novembre à Abdellah Taïa, 37 ans, pour Le jour du roi (Seuil). Ce roman fort et terrible se déroule dans le Maroc de Hassan II au travers d'une amitié amoureuse qui tourne à la jalousie sociale. C’est la première reconnaissance notable pour Abdellah Taïa, mal accueilli dans son pays natal parce qu’il a toujours affirmé son identité marocaine et homosexuelle. Créé en 1994 par l'écrivain et chroniqueur Frédéric Beigbeder, le Prix de Flore, du nom du célèbre café de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, distingue plus particulièrement de jeunes auteurs.

 

Le roman se déroule en 1987 dans un Maroc qui vit encore dans la peur. « C’était une décennie où les intellectuels ont été tués, l’esprit rebelle a été annihilé, certaines personnes de gauche ont été emprisonnées », raconte Abdellah Taïa le 13 octobre 2010 dans l’émission En sol majeur sur RFI. Dans le roman il y a une scène où le roi Hassan II va passer entre Rabat et Salé. Perdus au milieu de la foule, deux amis, Omar et Khalid, un pauvre et un riche, l'attendent. Le riche a été choisi pour aller baiser la main du souverain. L'autre est jaloux. La guerre des classes est déclarée et se terminera dans le sang.

C’est la première reconnaissance notable pour Abdellah Taïa, qui est mal accueilli dans son pays natal, le Maroc, pour avoir révélé son homosexualité et pour avoir critiqué Hassan II dans ses romans. L’écrivain est né en 1973 à Rabat, il a grandi dans un quartier populaire entre Salé et Rabat où son père est employé dans une bibliothèque. Sa mère ne sait ni lire ni écrire. Dans l'émission En sol majeur, Abdellah explique son combat pour le droit à la différence. Il se sent soutenir cette jeunesse marocaine qui change et étouffe.

L’écrivain vit à Paris depuis 1999 et prépare actuellement à la Sorbonne une thèse de doctorat sur le peintre Fragonard. Il a écrit tous ses livres en français et il a publié au Seuil L'Armée du salut (2006), Une mélancolie arabe (2008), Lettres à un jeune Marocain (2009). Il a coécrit avec Frédéric Mitterrand Maroc 1900-1961, un certain regard (Actes Sud, 2007). Ses livres sont traduits dans plusieurs langues.

L'an dernier, le Prix de Flore avait couronné Simon Liberati pour son roman L'hyper Justine (Flammarion). En 1996, il avait été décerné à Michel Houellebecq pour Le sens du combat (Flammarion) et en 1998 à Virginie Despentes pour Les jolies choses (Grasset).    

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