En Grèce, élections régionales, difficultés nationales

Malgré les sacrifices que les Grecs sont obligés de consentir pour sortir de la crise, le Parti socialiste au pouvoir, le Pasok, arrive en tête des résultats des élections régionales. Toutefois, une abstention record et une progression de la gauche radicale attestent d’un large mécontentement des électeurs.

Même si les mesures d’austérité introduites par le gouvernement socialiste font mal, elles sont inévitables. C’est le message qui semble se dégager du vote aux élections régionales en Grèce, le dimanche 14 novembre 2010. Un gouvernement européen qui impose un vaste programme d’austérité et qui gagne les élections, c’est rare. En même temps, le message est très nuancé et les Grecs l’expriment de manières très diverses. L’électorat s’est divisé en quatre principales catégories.

D’abord, les électeurs qui souffrent, mais qui soutiennent malgré tout activement le parti au pouvoir en votant pour lui. Ce sont eux qui ont assuré au Pasok une avance dans huit des treize régions du pays au second tour du scrutin. Ce sont également eux qui ont fait basculer la ville d’Athènes à gauche, pour la première fois depuis presque un quart de siècle (voir l’encadré). La deuxième catégorie a préféré privilégier les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND), en les mettant en tête dans les cinq régions qui restent. Ensuite, viennent ceux qui ont choisi le vote protestataire tout en restant dans le cadre du système électoral. Ils soutiennent la gauche radicale et le Parti communiste. Enfin, les véritables « vainqueurs » du scrutin, ceux qui représentent plus de 50% des voix, sont les électeurs qui ont manifestement estimé que, de toute façon, toute influence sur la situation du pays leur échappe. Ils ne se sont donc pas rendus aux urnes, en établissant un record national d’abstention.

Rigueur et sacrifices

Ainsi, le message semble assez ambigu, dans la mesure où il est difficile de dire si c’est plutôt le mécontentement ou plutôt la résignation qui prévaut. En tout état de cause, le Premier ministre Georges Papandréou s’est précipité pour estimer que les électeurs avaient donné le feu vert au gouvernement « pour continuer de faire changer la Grèce ». Il a aussitôt annoncé son intention de poursuivre les réformes.

Or celles-ci s’annoncent au moins aussi douloureuses que celles qui ont déjà été introduites, pour ne citer que la réduction des salaires et des pensions de retraite de la fonction publique ou la hausse des impôts. De nouvelles mesures d’austérité sont d’ores et déjà prévisibles dans le budget 2011. Il doit être présenté au Parlement le jeudi 18 novembre. Son principal objectif est de parvenir à réaliser l’objectif fixé lors du prêt de 110 milliards d’euros consenti en mai à la Grèce pour éviter sa banqueroute.

L’objectif budgétaire ainsi défini suppose évidemment de la rigueur et de nouveaux sacrifices. Les Grecs n’ont même pas eu le temps de souffler après les élections régionales, quand une délégation du Fonds monétaire international (FMI), de l’Union européenne (UE) et de la Banque centrale européenne (BCE) est arrivée à Athènes. La délégation est chargée de surveiller la rigueur budgétaire du gouvernement. Histoire d’éviter qu’il soit tenté de desserrer l’étau pour soulager la population qui traverse une deuxième année de récession. Les représentants du FMI, de l’UE et de la BCE doivent évaluer le suivi du plan de redressement de l’économie grecque. Leurs conclusions seront décisives pour le versement de la troisième tranche du prêt. Son montant est de 9 milliards d’euros. Son paiement est prévu pour décembre.

Engagement non tenu

La grande centrale syndicale du privé, la GSEE, appelle déjà à une grève contre « l’austérité néolibérale » le 15 décembre, le jour de l’ouverture du débat parlementaire sur le budget 2011. Or celui-ci devra être très serré. L’office européen des statistiques Eurostat vient de revoir à la hausse le déficit public de la Grèce en 2009 de 13,6 à 15,4% du produit intérieur brut (PIB), ce qui en fait le plus fort déficit de tous les pays membres de l’UE. Du coup, le gouvernement grec s’apprête à reconnaître qu’il ne pourra pas tenir son engagement de réduire le déficit budgétaire 2010 à 8,1% du PIB. Il devrait finalement avoisiner les 9,2 ou 9,3% du PIB. Les mesures destinées à contenir celui de 2011 vont donc devoir être d’autant plus radicales.

Le Pasok peut légitimement se réjouir de ses résultats inespérés aux élections régionales. Toutefois, la tâche de gouverner la Grèce n’en deviendra pas plus aisée.

 

 

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