1 600 salariés ont débrayé ce mardi 26 ocotobre 2010 pour une grève d’avertissement très inhabituelle en Allemagne où les mouvements sociaux sont rares et soumis à des règles très strictes. Les deux principales régions concernées étaient la Bavière, dans le sud du pays, et la Rhénanie du Nord-Westphalie, dans le nord-ouest.
Les débrayages, qui ont commencé dans la nuit pour s’achever en fin de matinée mardi, ont duré de deux à trois heures selon les villes et régions concernées. Elles ont provoqué des perturbations sensibles sur les dessertes régionales les premières frappées. Mais des retombées ont eu lieu sur les trains grande ligne comme par exemple en gare de Cologne.
Les grèves d’avertissement étaient limitées à ce mardi. D’autres arrêts de travail ne sont pas prévus pour l’instant. Un nouveau round de négociations doit se tenir vendredi 29 octobre. Les deux syndicats Transet et GDBA espèrent que leur mouvement contribuera à influencer les employeurs.
Deux objectifs
Les grévistes et leurs organisations poursuivent deux objectifs. Ils exigent tout d’abord qu’une convention collective, valable pour toute la branche, voit le jour. Actuellement, les accords doivent être négociés avec plusieurs entreprises, la Deutsche Bahn, l’ancien monopoliste public, mais aussi six sociétés privées présentes sur des déssertes régionales où elles représentent 20% du chiffre d’affaires.
Les syndicats critiquent le fait que les concurrents privés de la Deutsche Bahn, mais aussi des filiales de cette dernière, paient leurs salariés sensiblement moins. Une différence de 20% est évoquée par les syndicats. Elle permet aux concurrents de la Deutsche Bahn de profiter d’une plus grande productivité et de mieux s’imposer sur le marché.
Un accord de branche aurait pour conséquence de réduire ces différences mais les syndicats n’ont pas pu, jusqu’à présent, obtenir un début de négociation sur ce sujet entre les différents acteurs.
L’autre revendication des syndicats concerne plus classiquement des augmentations de salaires. Transnet et GDBA réclament une hausse de 6%. C’était aussi ce que l’IG Metall avait exigé dans la métallurgie avant qu’un accord trouvé avec les employeurs, fin septembre, ne prévoit une hausse de 3,6%.
Une croissance attendue de 3,4%
Après des années de vaches maigres voire de pertes de pouvoir d’achat, et qui expliquent pour partie la compétitivité de l’économie allemande, les salariés veulent profiter de la bonne santé de leurs entreprises. Après une récession historique l’an dernier marquée par une baisse du produit intérieur brut historique de 4,7%, la reprise cette année est tout aussi singulière avec une croissance attendue de 3,4%, du jamais-vu depuis la réunification il y a vingt ans.
Les syndicats, qui ont accepté des sacrifices au cours de la précédente décennie, veulent que leurs membres soient associés à la bonne santé insolente de l’économie allemande. Ils sont soutenus par le gouvernement, à commencer par le ministre de l’Economie, le libéral Rainer Brüderle, qui a réclamé des hausses de salaires plus substantielles.
La demande intérieure a, après des années d’atonie, repris du poil de la bête en 2010. L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés mais aussi la baisse régulière du chômage expliquent que la consommation joue un rôle plus important à côté des exportations qui expliquent avant tout les succès de l’économie allemande.
Mais les milieux économiques estiment ces revendications encore prématurées. Ils considèrent que tous les risques n’ont pas disparu et que les entreprises doivent d’abord investir avant de procéder à des augmentations de salaires plus importantes.