Aux Pays-Bas, Geert Wilders, figure de l'extrême droite, jugé pour haine raciale

Le député d’extrême droite néerlandais Geert Wilders est jugé à partir du lundi 4 octobre 2010 pour incitation à la haine raciale et à la discrimination contre les musulmans. L’homme est à la tête du Parti pour la liberté (PVV), arrivé troisième lors des élections législatives anticipées du 9 juin dernier.

Si l’on en croit Geert Wilders et ses propres déclarations, il serait investi d’au moins deux « missions ». La première serait de lutter contre « l’islamisation » des Pays-Bas. La deuxième consisterait à « défendre la liberté ». A son avis, celle-ci « va disparaître comme la neige au soleil au moment où l’idéologie islamique s’implantera encore plus » aux Pays-Bas.

En comparaissant devant un tribunal à Amsterdam, il défend également sa propre liberté au sens très concret du terme. En effet, s’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, il sera passible d’une peine maximale d’un an de prison et/ou de 7 600 euros d’amende. Il pourrait aussi être déclaré inéligible.

Le score presque triplé

Impliqué d’abord dans le travail dans le domaine de la protection sociale, il entre en politique au début des années 1990. Embauché par le parti libéral VVD, il y est chargé des dossiers socio-économiques. Elu conseiller municipal en 1997, il continue sur sa lancée en devenant député un an plus tard. En 2004, il refuse de partager la position du VVD sur l’adhésion possible de la Turquie à l’Union européenne. Il claque la porte du parti, pour en fonder un autre. Lors des élections législatives de 2006, le PVV obtient 9 des 150 sièges du Parlement. Le 9 juin dernier, il triple presque le score, en raflant 24 postes de députés.

C’est dire à quelle vitesse le nombre des Néerlandais qui partagent les opinions de Geert Wilders progresse. Opinions simples, voire simplistes. Son film Fitna, au cœur du débat, répond à un stratagème typique de toutes les extrêmes politiques connues de l’histoire : Ecoutez-moi, car je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Wilders l’affirme textuellement lui-même, avec une grande fierté : « Mes supporteurs disent : il y a au moins une personne qui dit ce que des millions de gens pensent. C’est ce que je fais ! ».

Interdire le Coran ?

Dans le film et dans la vie politique, Wilders qualifie notamment l’islam de « fasciste » et réclame l’interdiction du Coran, en le comparant à l’œuvre d’Adolf Hitler, Mein Kampf.  Ceci dit, le leader du PVV n’est pas le seul extrémiste qui s'attaque à la démocratie tout en participant au système et en bénéficiant de ses bienfaits. Des extrémistes islamistes, leurs dérives et leurs menaces ne sont pas une invention non plus. Les trois « experts de l’islam » cités par la défense de Geert Wilders, ne viendront pas à la barre. Ils ont déjà été entendus par un magistrat à huis clos et leur identité ne sera pas révélée. Par crainte pour leur vie. Wilders lui-même est, selon les autorités néerlandaises, l’homme le plus protégé des Pays-Bas. Depuis 2006, il est escorté en permanence par des gardes du corps et son adresse est couverte du plus grand secret, car il reçoit régulièrement des menaces de mort.

Wilders en arbitre

Procès de la liberté d’expression pour les uns, procès d’un dangereux extrémiste de droite pour les autres, la comparution de Geert Wilders devant le tribunal d’Amsterdam risque d’apporter encore un peu plus de publicité à celui qui tient déjà, au moins partiellement, l’avenir politique des Pays-Bas entre ses mains. En effet, ce n’est qu’avec l’appui de son parti que les libéraux et les chrétiens-démocrates peuvent atteindre les 76 sièges de la majorité absolue au Parlement.

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