Avec notre correspondant à Sarajevo, Jean-Arnault Dérens
Bakir Izetbegovic est le fils d'Alija Izetbegovic, le président du temps de la guerre, fondateur de la Bosnie indépendante, un personnage fortement lié au nationalisme musulman. Pour sa part, Bakir Izetbegovic était surtout connu durant ces années de guerre et après–guerre, pour ses activités parfois à la limite de la légalité. C’est aussi un des représentants de l’aile traditionnelle du SDA, le parti dominant au sein de la communauté musulmane bosniaque. Néanmoins, durant la campagne électorale, et au soir de son élection, il s’est clairement prononcé en faveur du dialogue et de la politique de la main tendue.
Bakir Izetbegovic sera donc un des trois membres de la présidence collégiale. Il faut noter aussi le succès très significatif de Zeljko Komsic le représentant croate, membre du Parti social-démocrate, et qui a littéralement écrasé ses concurrents. Ce qui représente un signal plutôt positif pour l’avenir du pays.
Une division du pays renforcée
Dans le camp serbe, les sociaux-démocrates indépendants confirment leur mainmise absolue. Il s’agit du parti de Milorad Dodik. Un parti qui depuis des années, a repris à son compte la rhétorique nationaliste, et qui s’impose comme un facteur de blocage à toute réforme des institutions du pays.
Dans le camp bosniaque par contre, le Parti social-démocrate qui se prononce en faveur de l’intégration européenne et d’une réunification des institutions de la Bosnie, serait en tête. Mais là encore, les résultats sont partiels. Pour leur part, les nationalistes croates conservent leur bastion notamment, dans le sud du pays.
Dans ces conditions, il sera à nouveau très difficile de former un gouvernement, et d’engager les réformes pourtant indispensables pour que la Bosnie-Herzégovine puisse enfin s’engager dans la voie de l’intégration européenne.