Rentrée politique chargée pour Angela Merkel

L’avenir du nucléaire, la réforme de l’armée, celle de l’aide sociale et de la santé ou encore les économies budgétaires : les dossiers chauds s’accumulent sur le bureau d’Angela Merkel après le retour de vacances de la chancelière allemande.

Bien des pays aimeraient avoir de tels problèmes : un chômage plus bas qu’avant la crise et qui devrait encore baisser, une économie qui après une récession historique l’an dernier pourrait bien battre des records de croissance en 2010, des exportations qui à nouveau explosent et une demande intérieure longtemps atone qui reprend du poil de la bête.

Une reprise économique inattendue

Près d’un an après les dernières élections qui ont vu la coalition conservatrice regroupant les chrétiens-démocrates et les libéraux l’emporter, l’Allemagne se trouve dans une situation économique plutôt positive, surtout comparée à celle de ses voisins. Mais le gouvernement n’en profite nullement. Ses premiers mois ont été marqués par des querelles permanentes et les électeurs ne créditent pas l’équipe Merkel de ce bilan positif. Les sondages sont au plus mal pour le gouvernement.

Et les nombreux dossiers à trancher dans les semaines et les mois à venir pourraient détériorer encore un peu plus la situation. Les bisbilles au sein de la coalition se poursuivent et certains sujets ne laissent pas les électeurs de marbre.

L'énergie nucléaire remise en question

A commencer par le nucléaire qui donne toujours lieu en Allemagne à de véritables guerres de religion. Le gouvernement conservateur ne veut pas remettre en question l’arrêt de cette source d’énergie décidée il y a dix ans mais prolonger la durée de vie des réacteurs. Un bras de fer se déroule actuellement avec les quatre entreprises concernées qui rejettent une taxe supplémentaire sur les profits que leur permettront d’engranger une telle mesure. Le gouvernement doit éviter de donner l’impression qu’il s’incline devant un puissant lobby. L’impopularité du nucléaire dans la société allemande pourrait lui nuire.

Réforme impopulaire du système d'aides sociales

Autre dossier sensible pour l’opinion publique, la réforme de l’aide sociale rendue nécessaire par un arrêt de la cour constitutionnelle. Déjà les mesures d’économies budgétaires décidées avant l’été passent mal auprès des électeurs qui les jugent peu sociales, les plus riches étant d’après eux épargnés. Plutôt que d’augmenter le montant de cette aide, le gouvernement réfléchit, notamment pour les enfants de familles dans le besoin, à l’introduction de cartes donnant accès à diverses prestations. Certains critiquent la discrimination créée envers des personnes concernées, les partisans de la mesure y voient un moyen de faire profiter les enfants de certains avantages, l’argent versé aux parents ne profitant pas toujours à leur progéniture.

Une réforme de l'armée pouvant plaire aux jeunes

D’autres jeunes, un peu plus âgés, seront sans doute favorables à une autre réforme à l’étude, celle de la Bundeswehr. Pour rendre l’armée allemande plus efficace et plus apte à répondre aux besoins actuels, à savoir des interventions sur des théâtres extérieurs, le ministre de la Défense prévoit une réforme de grande ampleur. Il prône une réduction des effectifs d’un tiers et la suspension du service militaire. Dans les milieux conservateurs, certains tiennent à cette institution et le compromis permet de les satisfaire, même si chacun sait que la suspension risque de durer très longtemps…

Cette réforme, la plus importante depuis la création de la Bundeswehr en 1955, suscite de nombreux débats dans la sphère politique mais aussi parmi les experts. Ces derniers critiquent des mesures trop radicales conditionnées plus par la rigueur budgétaire que par des nécessités politiques.

Wolfgang Schäuble, père de la rigueur

Le père de cette rigueur, l’homme fort du gouvernement Merkel, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, a fort à faire pour serrer les boulons et appliquer dans les faits le plan d’économies radical décidé au printemps. Certains de ses collègues trainent encore les pieds. Mais Wolfgang Schäuble veut rester inflexible, l’objectif étant d’ici 2016 d’appliquer le corset que l’Allemagne s’est imposée par une réforme constitutionnelle : limiter le déficit budgétaire à 0.35% du produit intérieur brut (contre 3% fixés par les critères européens de Maastricht).

Mais la vigueur inattendue de l’économie allemande et les nouvelles prévisions de rentrées fiscales à la hausse ne rendent pas la tâche du ministre des Finances aisée. Déjà il y a quelques jours, son collègue des Affaires étrangères et patron du parti libéral, fidèle aux réflexes pavloviens de son mouvement évoquait des baisses d’impôts.

La chancelière Merkel à qui on reproche de ne pas suffisamment taper du poing sur la table pour calmer une équipe très indisciplinée veut désormais être plus ferme. Une bonne résolution dont elle aura sans doute besoin, les querelles au sein de la coalition au pouvoir n’en finissant pas. Les mauvais sondages rendent la meute encore un peu plus aux abois. Et l’approche de nombreuses élections régionales en 2011 risque bien d’affoler encore un peu plus conservateurs et libéraux. A moins que les bons chiffres économiques ne finissent par rendre les Allemands plus cléments à l’égard de leur gouvernement.

Partager :