C’est à la mairie de Toulon que Brice Hortefeux a présenté le bilan des actions contre les camps des Roms non autorisés. Dernière opération en date, citée par le ministre de l’Intérieur, l’évacuation ce mardi d'un terrain communal à Tremblay-en-France, dans la Région parisienne, où se trouvaient 84 Roms. Au total, 51 camps non autorisés ont été démantelés cet été, précise le ministre, qui assure que 700 Roms « seront raccompagnés dans leurs pays d’origine, en avion, d'ici la fin du mois ».
Les chiffres présentés par les autorités de Paris montrent qu’il ne s’agit pas vraiment d’une politique nouvelle, ni d’une montée en puissance des expulsions. Selon le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Pierre Lellouche, 8 000 Roms ont été renvoyés vers la Roumanie en 2009, soit, justement, une moyenne d’environ 700 expulsions par mois.
Bucarest devra développer des projets sociaux spécifiques pour les Roms
Mais que deviennent les Roms expulsés de France ? « Alors qu’on lui offrait 300 euros et un aller gratuit en Roumanie, le Rom rentrait à la maison, y restait une ou deux semaines, donnait 200 euros à sa famille, puis repartait en bus en France et le scénario se répétait», déclare à l’AFP Mihai Neacsu, directeur de l’organisation non-gouvernementale «Amare Romentza».
Le secrétaire d’Etat roumain chargé de l’intégration de la minorité rom, Vasile Mocanu, promet que Bucarest prendra « les mesures les plus efficaces pour que les citoyens roumains désirent rester en Roumanie ». Le 30 août, à Paris, il présentera une stratégie pour l’intégration des Roms. Bucarest devra développer des projets sociaux spécifiques qui seront financés avec une partie des fonds européens alloués jusqu’en 2013 à la Roumanie, soit 20 milliards d’euros.
L’éducation des enfants roms doit être la priorité
L’intégration des Roms sera longue et difficile. Nicoleta Bitu, de Romani Criss, l’une des ONG les plus actives dans ce domaine, n’y va pas par quatre chemins : « Il faut que le gouvernement roumain prenne en charge sérieusement tous les citoyens roumains, pas seulement ceux qui lui conviennent. Les Roms aussi sont des citoyens de la Roumanie, pas des citoyens de deuxième classe ». Et elle n’hésite pas à enfoncer le clou : « La politique envers les Roms ne doit pas se faire uniquement sous la pression de l’extérieur, de la Commission européenne ou des autres Etats membres de l’Union. Et cette politique ne doit pas exister uniquement sur papier ». Pour la représentante de Romani Criss, « l’éducation des enfants roms doit être la priorité ; il faut aussi assister cette population pour qu’elle puisse se réintégrer sur le marché du travail ».
« Romano Cher » ( la Maison des Roms), est un projet financé à travers le Fonds Social Européen. Il vise à offrir à plus de mille artisans roms qui pratiquent des métiers traditionnels, des chances supplémentaires de vivre décemment de leur métier. C’est un exemple intéressant car il touche surtout les membres des communautés très pauvres qui vivent dans les campagnes et qui partent souvent à l’étranger. Nicu Dumitru, un des participants à ce projet, déplore le manque de coordination au niveau européen, indispensable selon lui, vu le grand nombre de Roms en Europe et leur difficulté à s’intégrer.