La vague de chaleur en Russie fait des ravages économiques

Durement touchée par la crise économique mondiale, la Russie doit faire face à des pressions accrues : la canicule qui sévit depuis plusieurs semaines pourrait lui coûter un point de croissance économique. C’est un coup dur pour le pays qui avait été fortement touché par la crise économique mondiale. En 2009, son économie s’était ainsi contractée de 7,9%.

Les images de Moscovites, masques sur le visage, ont fait le tour du monde, comme les photos de forêts calcinées et de villages ravagés. Tandis que les autorités continuent de se battre contre les incendies qui ont fait au moins 54 morts, la canicule provoque un désastre humain et environnemental. Elle pourrait également avoir des conséquences durables sur l’économie russe. D’après de nombreux spécialistes, les dommages seront importants. « Cela pourrait coûter un point de croissance du PIB », affirme même Alexander Morozov, économiste en chef de HSBC à Moscou, interrogé par RFI. Soit 11 milliards d’euros en moins pour le pays.

Le secteur agricole est bien entendu le premier touché. Depuis juillet, la vague de sécheresse a détruit plus de 20% des surfaces cultivées du pays, et l'état d'urgence a été déclaré dans presque une trentaine de régions productrices de céréales. La Russie a revu à la baisse sa prévision de récolte de céréales. « D'après les dernières prévisions du ministère de l'Agriculture, la récolte va s'élever à 65 millions de tonnes, peut-être 60 millions », a déclaré lundi Vladimir Poutine, cité par Interfax. Cela représente donc environ un tiers de moins que lors de l’année précédente.

En réaction, les autorités ont décrété une interdiction des exportations de grains jusqu’à la fin de l’année. Un manque à gagner important, car le blé est l’une des grandes exportations de Russie, derrière les hydrocarbures. « J’estime que la baisse de la production agricole, et pas seulement céréalière, va coûter un demi-point de croissance », observe Alexander Morozov.

Risques d’inflation

Les effets ne s’arrêtent pas là. Les entreprises ont également été obligées de réduire leur activité. « Certaines entreprises ont totalement arrêté leur production durant plusieurs jours, à cause de la fumée, des températures anormales. D’autres ont ralenti, en réduisant leur personnel temporairement. Et puis, le secteur des services est lui aussi touché. Cela pourrait coûter un autre demi-point de croissance », soutient M. Morozov.

C’est donc un coup dur pour le pays qui avait été fortement touché par la crise économique mondiale. En 2009, son économie s’était ainsi contractée de 7,9%. Pour 2010, le gouvernement prévoyait en revanche une reprise avec une croissance de 4% du PIB. Les chiffres devraient donc maintenant être revus à la baisse. Ce n’est pas tout. Les autorités prévoyaient initialement une hausse des prix à la consommation de 6 à 7%, contre 8,8% en 2009. Mais depuis les incendies, le ministère du Développement économique a admis le risque d’une accélération de l’inflation plus importante, dès septembre.

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