Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Les meilleurs politologues avaient prévu que ce Conseil militaire supérieur ne serait pas comme les autres et qu’il marquerait un tournant dans la quête démocratique du pays. Ils avaient certainement raison car jamais encore on n’avait assisté à un tel bras de fer à l’issue de cette réunion, habituellement une formalité où le pouvoir civil entérine le renouvellement des cadres de l’état-major.
Mais cette fois, les choses ne se sont pas passées comme prévu car le contexte est différent : plusieurs haut gradés de l’armée étant inculpés dans une affaire de complot contre le parti au pouvoir, le chef du gouvernement s’est fermement opposé à plusieurs nominations et promotions, dont celle du commandant de l’armée de terre, poste qui mène généralement à celui de chef d’état-major des armées.
Après plusieurs jours de tractations et de réunions nocturnes au sommet, le Premier ministre a enfin annoncé une probable conclusion à ce bras de fer inédit, marquant en effet sans doute la fin d’une époque.
Et après des années, de tensions entre le pouvoir civil du Parti de la Justice et du Développement, issu de la mouvance islamiste, et une puissante oligarchie militaire, sur fond de multiples complots avortés, c’est peut-être, effectivement, la fin d’une époque, qui devrait se conclure avec le référendum pour une nouvelle Constitution, le 12 septembre prochain, 30 ans exactement après le dernier coup d’Etat militaire.