Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour İstanbul, depuis la station balnéaire sur la côte égéenne où il passait ses vacances, que le général Doğan a été discrètement interpellé puis suivi par des policiers en civil, la Justice craignant qu’il ne tente de partir à l’étranger, comme d’autres suspects de cette affaire l’ont déjà fait.
Cela faisait en effet deux jours qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre lui et ses complices présumés, sans que personne ne se présente à la justice. Or l’ancien commandant de la 1ère armée, la plus importante, celle qui protège le front ouest de la Turquie, n’est pas n’importe quel accusé dans ce présumé complot dit de la «masse de forge» : il est le cerveau de ce plan mis au jour il y a six mois, celui dont la signature figure au bas du document, même s’il affirme que ce n’était qu’un exercice de simulation destiné à rester un scénario de travail.
M. Çetin Doğan n’a guère apprécié la plaisanterie. Il a demandé vainement à faire le voyage de 800 kms en voiture et a fini par glisser aux journalistes qu’il rentrait à Istanbul pour «accomplir sa mission». Déjà détenu plusieurs semaines l’hiver dernier, ce bouillant général devra attendre le 16 décembre pour plaider sa cause devant un tribunal – si sa santé le lui permet-, car, après plusieurs pontages cardiaques, il est fragile du cœur. Ses acolytes, eux, n’ont pas donné signe de vie.