Allemagne : la rigueur budgétaire se met en place

Après un plan de relance pour limiter les conséquences de la crise économique et financière depuis un an et demi, Berlin met désormais en œuvre un plan drastique d’assainissement de ses finances publiques. La première étape a été présentée ce mercredi 7 juillet avec le budget pour 2011.

De notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

L’Allemagne serre les boulons. Après un plan de rigueur annoncé début juin de 80 milliards d’euros jusqu’en 2014, le ministre des Finances a dévoilé son projet de budget pour l’année prochaine. Il prévoit une baisse des dépenses de près de 4% dont le ministère du Travail sera la principale victime.

L’embellie de l’emploi avec un chômage inférieur aujourd’hui à ce qu’il était avant le début de la crise explique pour partie ce recul. L’opposition et les syndicats ont critiqué toutefois les coupes de certaines prestations sociales qui, pour eux, ont pour conséquence de frapper les plus démunis.

L’Allemagne avait répondu avec un plan de relance à la crise financière et économique. Les mesures adoptées l’an dernier avait eu pour conséquence une sensible dérive budgétaire avec un déficit qui atteindra cette année les 5% du produit intérieur brut, alors que les critères européens n’autorisent que 3%. Ces mesures avaient amorti le choc pour l’Allemagne même si le pays, très exportateur, avait beaucoup souffert en 2009 du recul de la demande mondiale et enregistré une récession historique de 5%.

La croissance repart

Depuis, la situation s’éclaircit plus rapidement que prévu. Les rentrées budgétaires se révèlent plus importantes, la bonne santé du marché du travail limite les dépenses sociales, la croissance repart et les pronostics ont été revus à la hausse. Cette dernière pourrait atteindre 2% cette année. Ces bonnes nouvelles auront aussi des conséquences pour le budget en cours avec un endettement qui, à l’arrivée, devrait baisser sensiblement de 80 à 65 milliards d’euros, même s’il s’agit toujours d’un record historique.

Malgré cette évolution, la rigueur reste de mise pour l’Allemagne. Berlin a introduit il y a deux ans dans sa Constitution - à une époque où les finances publiques s’approchaient, il est vrai, de l’équilibre - un « frein à la dette ». En clair, le déficit de l’Etat ne pourra pas dépasser, à compter de 2016, plus de 0,35% du produit intérieur brut. Un plafond beaucoup plus faible que ce qu’autorisent les critères européens.

Pour tenir cette échéance, l’Allemagne doit donc serrer les boulons. Ainsi, les nouvelles dettes passeront de 57 milliards d’euros en 2011 à 24 en 2014. A l’horizon 2016, dix milliards d’euros seront encore autorisés. A ceux notamment à l’étranger, à commencer par les Etats-Unis, qui leur reprochent de nuire à la croissance avec leur cure d’austérité, les autorités allemandes répondent que la réduction des déficits et la réduction de la dette sont les meilleurs garants pour l’avenir et pour une croissance plus saine.

Partager :