La stratégie de Jaroslaw Kaczynski a finalement payé. Habitué des diatribes nationalistes contre les ingérences de l’Union européenne ou contre le communisme, le candidat conservateur s’est efforcé de lisser son discours durant une campagne axée sur la solidarité. Résultat, le frère du défunt Lech Kaczynski apparaît désormais aux yeux des Polonais comme un candidat plus consensuel qu’il ne l’était en début de campagne.
Cette remontée dans l’opinion est visible dans les derniers sondages. La majorité d’entre eux continuent de donner Bronislaw Komorowski vainqueur, mais avec une très faible marge. Le scrutin du dimanche 4 juillet sera très serré.
L’abstention, clé du scrutin
Plus que les différences entre les deux programmes, le résultat du vote dépendra d’abord de l’abstention. Si elle est importante, elle pourrait bénéficier à Jaroslaw Kaczynski. En effet, l’électorat conservateur, majoritairement basé dans les campagnes et les petites villes, est plus discipliné que celui du candidat libéral. Cette donnée n’est pas négligeable, d’autant que le scrutin se déroule pendant les congés estivaux, période durant laquelle les électeurs libéraux citadins partent en vacances. Pour éviter une abstention des vacanciers, Bronislaw Komorowski, qui est actuellement chef de l’Etat par intérim, a exhorté les Polonais à prendre leurs dispositions pour voter sur leur lieu de villégiature.
Séduire les électeurs de gauche
L’électorat de gauche et en particulier les partisans du leader social-démocrate Grzegorz Napieralski (troisième avec 13,68% des voix au premier tour) auront aussi leur mot à dire dans une élection qui oppose deux candidats de droite. A l’issue du premier tour, deux tiers d’entre eux étaient décidés à voter Komorowski. Mais Jaroslaw Kaczynski a recentré son discours et s’est employé à les séduire lors de cette dernière semaine de campagne, parfois même en choquant au sein de son propre camp. En meeting, l’homme politique, souvent critiqué pour son obsession à décommuniser la Pologne, est allé jusqu’à faire l’éloge de l’ancien dirigeant communiste Edward Gierek, « communiste mais patriote ». Parallèlement, il s’est aussi montré favorable au retrait des troupes polonaises d’Afghanistan. Cela sera-t-il suffisant pour faire basculer le scrutin en sa faveur ? En 2005, son frère y est déjà parvenu. Alors devancé dans les sondages par Donald Tusk (PO), actuel Premier ministre, Lech Kaczynski était pourtant devenu le quatrième président de la IIIe République polonaise.