Régulation des marchés financiers : le tandem Sarkozy-Merkel presse Bruxelles

Paris et Berlin ont rendu public, mercredi 9 juin 2010, une lettre commune signée d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy et adressée au président de la Commission européenne José Manuel Baroso. Les deux dirigeants demandent à Bruxelles d’encadrer davantage les marchés financiers.

Les attaques contre l’euro et la fébrilité des places financières inquiètent les deux principales économies de la zone euro. Et pour faire avancer le débat, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont publié, mercredi, une lettre commune dans laquelle ils formulent plusieurs propositions pour contrer la crise financière. Ils demandent notamment à la Commission européenne « d’accélérer » ses travaux pour un « encadrement renforcé » des marchés. Objectif : juguler la spéculation, accusée de déstabiliser le système financier européen.

Dans le collimateur des deux dirigeants européens, les pratiques financières à risques comme les dérivés de crédit, les fameux CDS (credit default swap), à l’origine de la crise des subprimes et les ventes à découverts. Une technique boursière qui permet à des opérateurs de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore avec l'espoir de les racheter à moindre prix.

Un cadre européen pour les ventes à découvert

Des opérations hautement spéculatives que le gouvernement allemand a déjà interdit le 19 mai, sur certains titres comme les emprunts d'Etat, et qu'il veut généraliser aujourd'hui à toutes les valeurs boursières. Pour le moment, la décision unilatérale de Berlin d'interdire les ventes à découvert a pris à contre-pied ses partenaires européens, provoquant l'incertitude des marchés financiers et une nouvelle baisse de l'euro.

Berlin souhaite désormais que les mesures adoptées sur son marché, soient élargies à l'échelle de l'Union européenne. Même credo pour la France qui presse également Bruxelles de fixer un cadre européen pour les ventes à découvert. Les deux dirigeants européens souhaitent trouver un terrain d’entente en vue du prochain G20 qui se tient fin juin à Toronto, au Canada.

Les couacs du couple franco-allemand

Mais cette unanimité a quand même du mal à masquer les tensions et les divergences qui règnent au sein du couple franco-allemand. L’annulation du dîner de travail du début de semaine en est la dernière illustration. Annoncé de longue date, cette rencontre a été repoussée au 14 juin prochain, sur demande de Berlin. La Chancelière devait défendre son budget 2011 prévoyant des coupes drastiques. Or l’annulation d’une rencontre bilatérale de ce type est extrêmement rare.

Le sujet de la gouvernance économique continue de diviser Paris et Berlin. La priorité de l'Etat français est de créer un « gouvernement économique » au sein de la zone euro, qui réunirait régulièrement ses seize dirigeants pour coordonner la politique, rééquilibrer l'économie européenne et soutenir la croissance. Jusqu'ici, l'Allemagne s'est montrée sur ce point réticente.

 

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