La Bulgarie tente de se rapprocher des pays du Golfe

La Bulgarie est assoiffée d’investissements étrangers, en chute libre depuis plusieurs années. Cette semaine, le Premier ministre Boïko Borissov a visité les Emirats arabes unis, très présents dans les Balkans

La Bulgarie et les Emirats arabes unis devraient signer un accord de coopération d’ici la fin de l’année. En soi, l’accord ne signifie pas grand-chose, mais les investissements évoqués touchent à beaucoup de domaines différents, comme l’agriculture, l’élevage, mais aussi les hautes technologies ou la cybersécurité. Sofia et Abou Dhabi vont donc essayer de ressusciter le commerce, qui a atteint un pic il y a quatre ans avec des exportations bulgares de l’ordre de 380 millions d’euros. Aujourd’hui, elles font moins de la moitié, avec 160 millions d’euros. En échange, les Emirats arabes pourront étendre leur influence dans les Balkans.

Depuis quelques années, l’Etat du golfe Persique a beaucoup investi en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, au Monténégro et en Albanie. Cette volonté de rapprochement avec la Bulgarie est également renforcée par le fait que Sofia est devenue la championne de l’adhésion européenne des Balkans occidentaux. C’était le dossier qu’elle a remis à l’ordre du jour européen alors qu’elle assurait la présidence tournante de l’UE en 2017.

L’Arabie saoudite aussi de la partie

Peu avant la visite du Premier ministre Boïko Borissov aux Emirats arabes unis, c’est une délégation saoudienne qui s’est rendue à Sofia. Avec, encore une fois, des promesses d’investissements dans des secteurs divers : l’agriculture, l’élevage, l’expertise vétérinaire. Bien entendu, le secteur le plus important dans les échanges entre les deux pays, c’est l’industrie de l’armement. Les exportations d’armes vers Riyad ont été multipliées par dix entre 2015 et 2016. Il s’agit surtout de munitions, mais aussi d’explosifs, d’armes à feu et de véhicules.

L’industrie de l’armement bulgare connaît un véritable essor : les exportations sont évaluées à plus de 1,2 milliard d’euros en 2017. Il y a cinq ans, elles dépassaient à peine les 200 millions. L’armement pourrait aussi attirer les Emirats arabes, qui sont très intéressés par le secteur en Serbie. En Bulgarie, c’est un business qui marche très bien.

Les Emirats arabes unis, seule solution ?

En Bulgarie, les investissements étrangers se sont complètement écroulés depuis quelques années. Ils ont chuté de plus de 60 % en 2018. En 2017, ils ont diminué de près de 50 %. Pareil en 2016. Si on remonte à 2007, ces investissements étrangers jouaient un rôle très important dans l’économie bulgare, puisqu’ils représentaient près de 28 % du PIB. En 2018, ils font moins de 2 %.

L’année dernière, l’argent de la diaspora bulgare dépassait largement ces chiffres, avec plus d’un milliard d’euros envoyés en Bulgarie. Cela dit, le gouvernement n’est pas vraiment pressé de trouver une solution pour attirer de nouveau des capitaux étrangers, puisque leur absence a été largement comblée par les fonds européens. Au fil des années, plusieurs grandes promesses d’investissements sont restées un mirage. La Chine devait financer une usine automobile Great Wall en Bulgarie ; finalement, elle n’a fait que transférer le savoir-faire, ce qui a conduit à la fermeture de l’usine. Le Qatar devait également investir en Bulgarie, mais a fini par retirer les fonds versés à la Banque bulgare de développement.

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