Les Français s'inquiètent à juste titre. Londres a dénoncé cet été la convention maritime ouvrant ses eaux à six pays voisins. Une convention antérieure à son entrée dans l'Union européenne. En conséquence en 2019, le Royaume-Uni pourra tout à fait décréter Zone économique exclusive la bande des 200 milles longeant ses côtes. Ce serait une véritable catastrophe pour les pêcheurs de Normandie et des Hauts-de-France qui réalisent la moitié de leur chiffre d'affaires dans les eaux territoriales de la couronne. Une catastrophe également pour les Danois: ils perdraient jusqu'à 80% de leurs bénéfices -selon une récente étude de l'université de Copenhague-. Ou encore pour les Espagnols très présents en mer du Nord. A Gibraltar, on spécule déjà sur les batailles navales bien réelles que déclenchera un « hard Brexit ».
Le hard Brexit c'est ce que souhaitent les britanniques?
C'est le scénario très politique qui a été vendu pendant la campagne du référendum. Ukip, le parti anti européen, a fait de la souveraineté maritime un totem de sa campagne, et l'argument est allé droit au coeur des pêcheurs. Ils ont largement voté en faveur du Brexit, y compris les Ecossais en général plutôt europhiles. Tous rêvent d'un meilleur accès à la ressource. Leurs revendications sont relayées à Londres par le ministre écossais de la Pêche. Seront-elles vraiment entendues à Londres ? Pas si sûr, car les 27 ont dans leur jeu une arme de dissuasion massive: en cas de « hard Brexit », ils imposeront des droits de douane records aux produits britanniques en mer.
Après le Brexit, cela va donc tanguer pour tout le monde, y compris pour ceux qui veulent quitter le navire?
C'est le message envoyé par l'institut britannique New Economics Foundation qui vient de publier un rapport évaluant l'impact du divorce sur les pêcheurs du Royaume Uni, un rapport baptisé « tous ne seront pas dans le même bateau ». Sa conclusion est implacable: toute la filière va souffrir et le pire, c'est un épuisement rapide des ressources en sortant du système européen de répartition des captures autorisées. C'est aussi de grosse pénalité en perspective à l'export à cause de ces droits de douane qui pourraient réapparaître en cas de « hard Brexit ». Cela pourrait priver les pêcheurs de sa majesté de la moitié de leurs revenus car la plus grosse partie de leurs prises sont destinées aux pays de l'Union européenne.
Quelle est l'alternative?
Un accord à l'amiable, où les intérêts des deux parties sont préservés, paraît la solution la plus sage et la plus probable selon un opérateur français présent en Ecosse dans la commercialisation des fruits de mer. D'après lui aucun gouvernement n'a envie d'avoir ses ports bloqués par des pêcheurs en colère. Et puis l'évolution de son activité le rend optimiste. Ses profits ont été rognés par la baisse de la livre, car cela surenchérit le coût des matières importées pour emballer la marchandise, mais son groupe continue d'investir au Royaume Uni, il prévoit d'ouvrir en Ecosse un nouveau site de conditionnement dans les prochains mois.
⇒ En bref,
Un carton rouge pour Uber
Les données de 57 millions de ses usagers, passagers ou chauffeurs, ont été piratées à la fin 2016. Le problème c'est qu'au lieu d'avertir les victimes, Uber a préféré acheter le silence des hackers en leur versant une prime de 100 000 dollars.
Et un deuxième carton rouge pour Apple
Cet automne des milliers d'étudiants chinois ont été contraints de travailler jusqu'à 11 heures par jour dans les ateliers de Foxconn pour monter au plus vite l'I Phone X. Foxconn s'est installé dans le Hennan en partie parce que la province s'est engagée à lui fournir des stagiaires à volonté.