Hongrie: un peu de répit pour l'université Soros

En avril dernier, une loi votée par la majorité du Premier ministre nationaliste Viktor Orban provoquait une vague d’indignation. L'initiative controversée visait de facto à chasser de Hongrie l’université d’Europe centrale (CEU), une université américaine fondée à Budapest par le philanthrope américain George Soros, devenue l’une des bêtes noires de Viktor Orban car défendant des valeurs progressistes. Du coup, 70 000 personnes ont défilé dans les rues de Budapest contre cette loi. Depuis, la Commission européenne a menacé la Hongrie de poursuites car le texte est contraire aux traités européens. Et cette semaine, le Parlement hongrois a modifié la loi controversée.

Cet amendement donne un an de répit à l’université d’Europe centrale (CEU). A l’origine, elle avait jusqu’au 1er janvier 2018 pour se conformer à la loi. Cette date a été reportée au 1er janvier 2019.

A première vue, un soulagement pour l’université

À première vue c’est un soulagement pour l’université qui est assurée de pouvoir rester à Budapest l’année prochaine. Conséquence, elle a pu initier les inscriptions pour la rentrée 2018. Mais cette concession apparente du gouvernement hongrois laisse quand même l’université dans le flou total.

Le texte imposait notamment à la CEU l'ouverture d'une filière aux Etats-Unis. Ce qu'elle a réussi à faire avec le collège Bard, une prestigieuse université de New York, qui va héberger sur le sol américain certains programmes d’enseignement.

Autre exigence de la loi : pour que la CEU continue à fonctionner en Hongrie, il fallait qu’un accord soit signé entre les deux gouvernements, américain et hongrois. Là encore, une demande difficile à satisfaire, car aux Etats-Unis, ce n’est pas le gouvernement fédéral qui est compétent en matière d’enseignement, ce sont les Etats. Le département d’Etat américain l’a répété plusieurs fois à Budapest. Jusqu’à ce que Viktor Orban accepte qu’une délégation hongroise traite avec le gouverneur de l’Etat de New York.

Cette délégation est rentrée à Budapest en septembre après avoir négocié un accord avec l’Etat de New York. Il ne restait plus qu’à le signer. Donc, la CEU remplissant toutes les conditions imposées par la loi, pourquoi le gouvernement hongrois accorde-t-il un délai d’un an dont l'université Soros n’a finalement plus besoin ?

Une décision qui s’inscrit dans la campagne électorale de Viktor Orban

Viktor Orban mène, en ce moment, une nouvelle campagne contre l’Américain George Soros. Une campagne destinée à resouder son électorat à six mois des législatives. Cet électorat ne comprendrait pas que le gouvernement signe un accord avec l’université fondée par l’Américain.

Pour certains observateurs, il est clair que Viktor Orban joue au chat et à la souris avec la CEU. Un jeu cynique qui vise à maintenir l’université dans l’incertitude. Peut-être pour la pousser à quitter d’elle-même la Hongrie.

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