Hongrie: un milliardaire philanthrope dans le viseur du gouvernement

En Hongrie, le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros est plus que jamais la bête noire du Premier ministre nationaliste Viktor Orban. L'homme d'affaire qui finance des ONG défendant les droits de l'homme, est la cible d'attaques répétées du gouvernement hongrois. Viktor Orban accuse maintenant George Soros d'avoir un « plan » pour faire venir un million d'immigrants par an en Europe et de vouloir imposer ce plan à la Commission européenne.

Le gouvernement veut consulter les Hongrois sur le « plan » de George Soros. Les Hongrois vont recevoir un formulaire par la poste. Une liste en 7 points, sur laquelle on peut par exemple lire que selon le plan de George Soros, Bruxelles va demander à tous les Etats membres de verser 27 000 euros à chaque migrant. Ou encore que George Soros veut favoriser l’intégration des immigrants afin de détruire les langues et les cultes européens.

A chaque fois, on peut cocher la case : « oui », je suis d’accord. Ou « non », je ne suis pas d’accord.

Un plan monté de toute pièce

En réalité, le milliardaire américain n’a aucun plan. Comme tout intellectuel qui prend part au débat public, George Soros écrit des articles et prononce des discours. Il plaide pour une politique d’accueil des réfugiés plus humaine. Mais ce sont de simples propositions et il n’a aucun pouvoir sur la Commission et le Parlement européens.

Dans un article, il a écrit que les pays européens devraient protéger et renforcer leurs frontières. Or, le gouvernement hongrois lui fait dire le contraire dans cette question : il déforme totalement les propos de l’Américain.

Une bonne partie de la population y croit

De nombreux Hongrois sont saturés. Mais une bonne partie de la population croit encore à cette propagande. Si le parti de Viktor Orban continue à marteler ce thème des migrants qui sont tous terroristes et porteurs de maladies, c’est parce qu’il en tire des bénéfices. A six mois des élections, il mène largement dans les sondages. Attiser la haine et la peur des migrants, cela permet de fédérer les sympathisants de la droite et de les garder mobilisés. Cela peut aussi attirer des électeurs de gauche et d’extrême droite.

Un événement récent montre l’efficacité de cette propagande quotidienne dans les médias publics et certains médias privés qui appartiennent au clan de Viktor Orban.

Pneus crevés

Il y a actuellement 1 300 réfugiés en Hongrie. Ils ont obtenu le statut de réfugié, certains sont là depuis plusieurs années, ils ont des papiers. Une association voulait offrir un séjour à la campagne à quelques enfants irakiens et afghans accompagnés de leur mère. Ils devaient séjourner dans un village où le propriétaire d’une pension avait offert de les accueillir. Le projet a capoté, car des villageois s’y sont violemment opposés. Ils ont menacé le propriétaire de mettre le feu à sa pension et ont crevé ses pneus. Viktor Orban a approuvé ces habitants : « ils ont eu raison, a dit le Premier ministre, d’exprimer leur opinion de manière claire et déterminée. »

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