À la Une: une réforme attendue de pied ferme

Le Midi Libre s’exclame « Voilà donc arrivé le jour J. L’exécutif dévoile aujourd’hui le contenu des ordonnances réformant le Code du travail, objet d’interrogations voire d’inquiétudes récurrentes, première épreuve du feu pour le gouvernement Macron-Philippe. […] Quoi qu’il en soit, il est grand temps de dévoiler ses batteries, pointe le quotidien d’Occitanie. Et de chasser la psychose: selon un sondage OpinionWay publié hier, 68 % des Français craignent une réduction de leurs droits, alors que 63 % estiment en même temps nécessaire la réforme de l’actuel Code du travail. Fini les paradoxes subodorés, l’heure est venue de juger sur pièce. Enfin. »

Alors que nous réservent ces fameuses ordonnances ? « La réforme du Code du travail version 2017 est bien plus corsée que sa petite sœur El Khomri », croit savoir Libération: « En effet, si les ordonnances présentées ce jeudi rendent compte des derniers arbitrages du gouvernement, la plupart des mesures sont désormais connues. Et reprennent pour partie des dispositions abandonnées lors de l’élaboration de la loi travail, car jugées à l’époque inadmissibles par l’ensemble des syndicats, dont la CFDT. » Parmi elles, relève Libération, «le plafonnement des indemnités prud’homales. […] Autre mesure ressuscitée: le périmètre du licenciement. Alors que, jusqu’ici, le juge pouvait prendre en compte l’ensemble d’un groupe international pour apprécier la réalité des difficultés économiques avancées pour justifier des licenciements, il devra se contenter demain du seul territoire français. Avec la crainte qu’une multinationale n’affaiblisse à dessein sa filiale hexagonale pour mieux s’en débarrasser. […] Autres sujets sensibles, pointe encore Libération, la possibilité, dans les petites entreprises, de négocier et de valider des accords sans délégué syndical ou salarié mandaté ; la fusion des instances représentatives du personnel ; la possibilité de négocier le rythme et le contenu des négociations obligatoires ; le déclenchement du référendum d’entreprise à l’initiative de l’employeur ; ou encore la possibilité pour les branches de négocier les conditions d’utilisation des CDD et d’amplifier les possibilités de recours aux “contrats de chantier”…»

Cette réforme du Code du travail va donc bien plus loin que la loi El Khomri, et pourtant, paradoxe, souligne Libération, «le front qui se constitue contre la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, - Solidaires et la CGT - est nettement plus étroit que celui qui avait combattu Myriam El Khomri. Au bout du compte, les syndicats auront été plus durs avec les socialistes qu’avec En marche.»

En effet, pointe Le Parisien, « entre le ralliement de FO, la bienveillance de la CFDT et l’enthousiasme du Medef, la “méthode Macron” se révèle payante: l’irréductible cégétiste Philippe Martinez apparaît   pour l’heure   isolé. » C’est l’Insoumis Mélenchon qui joue le général en chef dans la bataille à venir contre la réforme. « Bataille de la com, d’abord », précise Le Parisien. « Pour Édouard Philippe, la réforme “est une avancée sociale majeure”. “Il n’y aura pas de casse sociale, c’est l’inverse”, insiste Muriel Pénicaud. Et pourtant, un proche de l’Élysée concède sans langue de bois: “Les ordonnances, c’est plutôt un texte de droite. Mais quand on regardera l’ensemble du quinquennat, avec les autres chantiers sociaux à venir à mi-quinquennat, comme la participation, on verra alors que c’est aussi une politique de gauche” ».

Macron parle !

Alors, Emmanuel Macron s’explique sur ce sujet et sur bien d’autres ce matin. Le président a décidé de sortir de sa réserve et il s’exprime longuement dans l’hebdomadaire Le Point: « Nous avons tourné la page de trois décennies d’inefficacité pour nous engager sur la voie de la reconstruction qui permettra la réconciliation, affirme-t-il. […] La réforme du marché du travail est une réforme de transformation profonde et, comme je m’y suis engagé, elle doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire baisser le chômage de masse […]. La première chose à faire, précise Emmanuel Macron, est de simplifier drastiquement la vie des entreprises de moins de 50 salariés. Les TPE-PME doivent par conséquent avoir la possibilité de négocier des accords d’entreprise, y compris lorsque les syndicats ne sont pas présents, par l’intermédiaire des représentants du personnel, voire directement avec leurs salariés dans les plus petites. […] Dans les entreprises qui comptent plus de 50 salariés, il faut simplifier de manière radicale les instances de représentation du personnel. Il n’y en aura plus qu’une. […] Ensuite, il s’agit de donner plus de place à la négociation, c’est-à-dire redonner davantage la parole aux salariés sur leurs conditions de travail et permettre à leurs représentants dans la branche ou l’entreprise d’adapter les règles aux réalités et besoins de terrain. »

Plus largement, afin de mieux combattre le chômage et de relancer l’économie, Emmanuel Macron préconise « une fiscalité qui incite à investir son argent dans les entreprises, dans l’économie réelle, celle qui crée de l’activité et des emplois […]. C’est pourquoi, poursuit-il, nous allons supprimer l’ISF pour les investissements dans l’économie réelle, en particulier dans les entreprises. Nous recréons les conditions d’une attractivité française pour les talents et les entreprises qui tirent cette économie. Nous baisserons l’impôt sur les sociétés, au cours du quinquennat, jusqu’à 25  %. Tout cela, conclut-il, est à la fois très ambitieux et cohérent. »

Pédagogie

Voilà donc pour les propos d’Emmanuel Macron concernant la réforme du Code du travail. Le chef de l’État aborde bien évidemment bien dans cette très longue interview au Point bien d’autres sujets que nous n’avons pas le temps d’évoquer.

Pour Le Figaro: « à la peine depuis le début de l’été, en chute libre dans les enquêtes d’opinion, confrontée aux premières difficultés dans la mise en œuvre de ses réformes structurelles, Emmanuel Macron descend de l’Olympe où il s’était installé pour négocier le premier tournant critique de son quinquennat. […] Macron à l’offensive, donc, constate encore Le Figaro, comme pour donner l’exemple. Car au-delà du chef de l’État, ce sont toutes les composantes de son pouvoir qu’il a mobilisées pour tenter de reprendre la main. À tous les étages, une seule consigne: pédagogie. »

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