L'Italie mise sur la Libye pour contrôler l'afflux des réfugiés sur son sol

A l’issue d’une réunion du Comité national pour la sécurité et l’ordre public, une tradition du 15 août en Italie, le ministre de l’Intérieur, Marco Minniti, a indiqué que Rome se concentrait sur la Libye pour bloquer les arrivées de migrants dans la péninsule. Ce qui confirme ainsi la ligne dure de Rome pour lutter contre les flux migratoires.

Le ministre de l’Intérieur, Marco Minniti, considéré comme l’homme fort du gouvernement italien de centre gauche, a été clair sur la position de l’Italie. Après avoir lancé en vain des appels à ses partenaires européens pour un partage plus équitable des réfugiés, Rome espère obtenir plus de succès en aidant la Libye et en finançant divers projets, dont certains avec le soutien de Bruxelles.

Dans les faits, l’Italie nourrit surtout des relations avec le gouvernement d’union nationale de Fayez Al-Sarraj. Marco Minniti multiplie les contacts avec les responsables de villes côtières pour, dit-il, favoriser une économie alternative à celle des trafiquants d'êtres humains alors que dans le même temps, il a aussi approché les tribus. Par ailleurs, le gouvernement a lancé une mission navale début août pour un soutien logistique à la marine libyenne et continue de fournir des vedettes aux gardes-côtes de Tripoli.

L’Italie prête à tout

Pour que la Libye prenne en charge le « fardeau » des migrants qui proviennent d’autres pays, notamment du Nigéria, de la Guinée, du Mali et de l’Erythrée, l’Italie est prête à tout. Ici, le gouvernement cherche aussi a calmer les tensions au sein même de la population italienne. D’autant que les prochaines élections législatives sont prévues au printemps 2018, au plus tard. Or, pour le moment, les intentions de vote ont de quoi inquiéter le centre gauche.

Selon tous les sondages, elles sont largement en faveur des partis de droite et des forces anti-migrants et europhobes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le ministre Minniti a aussi déclaré que « les flux migratoires peuvent devenir une menace pour la démocratie du pays ».

Une réelle invasion ?

Depuis le début du mois de juillet, les arrivées migratoires ont été marquées par un très net fléchissement. Selon les chiffres de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, la diminution est considérable : moins 57 % en juillet (11 459 arrivées) par rapport au même mois en 2016 (23 552 arrivées). Et depuis le mois d’août, il y a très peu de débarquements.

Mais alors pourquoi cette baisse ? Ce n’est pas directement lié au code de bonne conduite des ONG concocté par Rome et signé par 4 ONG sur 8 actives en Méditerranée puisque celui-ci n’est entré en vigueur qu’au début du mois d’août. Toujours selon Frontex, plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : la météo marine, très mauvaise ces dernières semaines, des conflits près de Sabratha, à l’ouest de Tripoli, mais aussi une action plus vigoureuse des gardes-côtes libyens dont le comportement inquiète les ONG.

Le mardi 15 août, le capitaine du navire de l’ONG espagnole Proactiv Open Arms, qui était dans les eaux internationales, à 27 milles des côtes libyennes, a fait savoir que le bateau a été bloqué pendant près de deux heures par une vedette des gardes-côtes libyens armés, très menaçants et qui voulaient que le navire les suive vers Tripoli pour des contrôles. Finalement, l’ONG a réussi à se diriger vers le Nord. Mais cet épisode, qui n’est pas le premier du genre, laisse supposer que dans la Méditerranée, pratiquement vidée des humanitaires, on est encore très loin de voir la lumière au bout du tunnel.

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