C’est avec un conseil d’administration recomposé à sa main que Vincent Bolloré a conforté, jeudi, son emprise sur Telecom Italia. Un de ses proches, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, a même été nommé vice-président de l’entreprise de télécommunication italienne dont le groupe français détient près de 24 % du capital. Une position d’attente, pendant quelques semaines, avant que le groupe Vivendi ne prenne le contrôle de Telecom Italia.
Car s’il est une chose qui est à peu près sûre, c’est que Vincent Bolloré, l’homme fort de Vivendi, n’a pas renoncé à son grand projet de convergence entre les médias et les télécoms. « Notre ambition reste inchangée : produire et distribuer des contenus latins à forte valeur ajoutée » a ainsi déclaré Arnaud de Puyfontaine, le 25 avril, avant de réitérer jeudi sa volonté de construire « un groupe mondial avec des racines européennes » capable de se différencier des grandes plateformes vidéo anglo-saxonnes par son ancrage méditerranéen et tourné vers le Sud.
Si cette réaffirmation est faite haut et fort pour être bien entendue, c’est qu’elle ne va plus tout à fait de soi depuis que l’autorité de régulation italienne, l’AGCom, a estimé qu’en application de la loi Gasparri, Vivendi ne pouvait pas contrôler à la fois Telecom Italia et Mediaset, le groupe audiovisuel de la famille Berlusconi dont il détient près de 29 % des parts.
C’est vrai que contrairement à la France, l’Italie peut imposer à de puissants opérateurs télécom de ne pas s’emparer d’une partie substantielle des médias, les limites anti-concentration touchant ce que les Italiens appellent « le système de communication intégré », c’est-à-dire le paysage télécoms et médiatique.
Dès lors, il y a deux solutions pour Vincent Bolloré. Soit il se désengage du capital de Mediaset, soit il renonce à Telecom Italia.
Or, Bolloré a besoin des deux pièces de son moteur pour construire le « Netflix européen » qu’il appelle de ses vœux, à la fois les contenus de Médiaset, de Canal+ ou de StudioCanal et l’opérateur italien qui lui garantit la convergence avec les télécoms. Il se dit donc prêt à contester cette décision devant les tribunaux italiens ou la Commission européenne et ne consent à redescendre que sur les droits de vote de Mediaset.
Cette campagne italienne de l’homme d’affaires breton se complique encore avec l’hostilité de la famille Berlusconi. Depuis près d’un an, un litige oppose Mediaset à Vivendi. Les deux groupes devaient s’échanger des parts, la plateforme Mediaset Premium devait être rachetée. Tout cela, désormais, n’est plus qu’un souvenir.