Dès sa nomination, le nouveau ministre des Finances, Malusi Gigaba, s'est voulu ferme. Le gouvernement ne changera pas sa politique économique et si les investisseurs étrangers en doutent, qu'à cela ne tienne.
« Pendant trop longtemps on a laissé croire que le Trésor appartenait aux économistes, aux grandes entreprises, aux lobbys et aux investisseurs étrangers, a déclaré Malusi Gigaba lors de sa première conférence de presse. Le Trésor comme toutes nos institutions, appartient au peuple d'Afrique du Sud. Le gouvernement continuera sa consolidation budgétaire afin de stabiliser notre dette, il continuera de maintenir la meilleure valeur possible pour notre monnaie. Nous voulons conserver la confiance des investisseurs étrangers mais nous ne devons jamais perdre de vue que nous ne sommes redevables qu'envers le peuple sud-africain. »
Perte de confiance
Malusi Gigaba promet des réformes pour améliorer le niveau de vie des Sud-Africains. Mais avec la dégradation de sa note, l'Afrique Sud aura bien plus de mal à emprunter pour investir dans son économie. Difficile dans ces conditions de se passer des acteurs étrangers, qui ne sont pas rassurés par le nouveau ministre.
« Quand il était ministre des Entreprises publiques, il y a eu nombre de problèmes de corruption, explique Azar Jammine, directeur du bureau de conseil Econometrix. Ensuite, son passage au ministère des Affaires intérieures a été marqué par sa législation sur le tourisme. Les conditions d’obtention de visas pour les étrangers ont été terriblement durcies, ce qui a entraîné une baisse considérable de l’activité touristique en Afrique du Sud. En conséquence, les gens le soupçonnent non seulement d’être incompétent, mais surtout d’être mêlé à des méthodes assez douteuses. »
Corruption
La corruption, un mal endémique à l'économie sud-africaine. En novembre dernier, un rapport rédigé par Thuli Madonsela, ancienne médiatrice de la République, épinglait le président et son entourage pour leur mainmise sur l'économie du pays.
« La corruption est partout et ruine le pays, se désole David Lewis, directeur de l'ONG Corruption Watch. Elle s'exprime dans les appels d'offres publics. Ce sont généralement des proches du gouvernement qui sont favorisés. On recense également de nombreux pots-de-vin. Plus récemment, on a vu des institutions entières finir aux mains d'intérêts particuliers. L'un des meilleurs exemples est le cas d'Eskom, notre compagnie nationale d'électricité. Nous avons de bonnes raisons de penser que ses dirigeants sont derrière les ambitions du gouvernement de se doter de nouvelles centrales nucléaires. Un projet auquel était d'ailleurs opposé l'ancien ministre des Finances. »
D'après le classement de Transparency International, l'Afrique du Sud est le 45e pays le plus corrompu au monde.