Dès ce matin, la rumeur a couru d’un rappel de Pravin Gordhan qui se trouvait à Londres pour promouvoir les investissements en Afrique du Sud. La délégation devait ensuite se rendre aux Etats-Unis.
La présidence a confirmé l’information dans la matinée, sans donner plus de détails, ce qui a déclenché d’une avalanche de spéculations. S’agit-il d’un remaniement ministériel ? Pourquoi un rappel d’urgence alors que des rencontres importantes étaient prévues et que ce voyage était planifié de longue date ? Ce rappel coïncide également avec une affaire de justice qui s’ouvre mardi 28 mars et qui oppose Gordhan à une riche famille d’hommes d’affaires - les Guptas - proche du chef de l’Etat.
Cela fait des mois que l’on attend un remaniement ministériel. On sait Pravin Gordhan dans le collimateur du président Zuma, le ministère des Finances s’opposant ouvertement au chef de l’Etat sur la gestion des finances publiques.
Désormais, beaucoup redoutent que ce ne soit chose faite et que Gordhan ne soit mis à l’écart, d’autant plus que plusieurs proches de Jacob Zuma sont désormais disponibles pour faire leur entrée dans le gouvernement. C’est notamment le cas de Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-présidente de la Commission de l’Union africaine et candidate à la succession de Jacob Zuma, à la tête de l’ANC, parti au pouvoir.
En tout cas les réactions étaient multiples lundi soir. Si Pravin Gordhan était mis à l'écart, cela provoquerait une réaction négative des milieux financiers qui le perçoivent comme le garant d'une certaine stabilité budgétaire. Et cela pourrait également provoquer une réelle crise politique au sein du parti au pouvoir. Certains ministres et haut cadre de l'ANC ont pris leur distance vis-à-vis du président Zuma embourbé dans des scandales et ont publiquement apporté leur soutien au ministre des Finances dans sa lutte contre la corruption et le népotisme.