France: le port du Havre survivra-t-il à la concurrence?

Le port du Havre a lancé cette semaine les festivités pour célébrer son 500e anniversaire. Cette place forte du commerce extérieur français qui a été créée à l'initiative de François 1er (XVIe siècle) s’interroge sur son avenir de plus en plus compromis par la concurrence des ports du nord de l’Europe.

Le Havre est le premier port mondial du commerce des vins et spiritueux, mais c'est à peu près son seul titre incontesté. Et c'est après tout assez logique car la France fait partie des premiers producteurs et exportateurs de vin. Son autre podium est plus domestique : c'est le premier port à conteneurs de France. Mais au niveau européen ce n'est que le numéro cinq. Son trafic a baissé l'an dernier. Pour le vrac comme pour les conteneurs, alors que celui des concurrents, Anvers ou Rotterdam, continue à croître. Et cela fait vingt ans que l'écart se creuse. Le Havre c'est aujourd'hui 2,5 millions de conteneurs, contre 10 millions de boites pour Anvers et 12 millions pour Rotterdam.

L'histoire récente de la mondialisation des échanges explique en partie cette divergence.

Les pays du nord de l’Europe, avec l'Allemagne en tête, sont devenus des champions du commerce extérieur, tandis que les positions françaises ne cessent de se replier. Il y a donc eu une modification de la géographie des échanges. Et la dynamique demeure du côté de l'Europe du Nord.
« Le clou sur le cercueil du Havre » - selon l'expression employée par Jacques Attali -, c'est le feu vert donné à la construction d'un canal reliant la Seine à l'Europe du Nord. Le chantier doit commencer à la fin de l'année. S'il est mené à son terme, le Havre pourrait rapidement disparaitre de la carte maritime.

Que faire pour empêcher la disparition du Havre ?

Pour éviter la catastrophe, il y a urgence à développer les dessertes du port en investissant dans le fret ferroviaire et fluvial. Au niveau du chemin de fer, les décisions ont été prises. Mais cela va beaucoup trop lentement, dénonce cette semaine la Cour des comptes dans son rapport annuel.

La nouvelle ligne de chemin de fer desservant le Havre sera en service si tout va bien entre 2030 et 2050. La Cour des comptes demande aux opérateurs d'accélérer la cadence. C'est aussi le voeu des 600 entreprises membres de l'Union maritime et portuaire du Havre. Elles représentent 20 000 emplois, c'est-à-dire les deux tiers des emplois liés au port.

L'Union maritime réclame un plan Marshall.

Elle a présenté au début de l'année son plan stratégique pour sauver Le Havre. Et veut le soumettre à tous les candidats à la présidentielle. Son lobbying passe aussi par Bruxelles. Pourquoi pas, propose l'Union, profiter du financement européen avec la deuxième phase du plan d'investissement stratégique de Jean-Claude Juncker ?

L'Union maritime et portuaire du Havre veut surtout que l'Etat concentre ses investissements sur le Havre, plutôt que de saupoudrer les moyens sur l'ensemble des ports français. Gagner cette bataille très politique ne suffira pas, il faut aussi conquérir les armateurs.

Pour survivre à la débâcle du fret, ces derniers ont passé des alliances et ils sont en train de revoir la carte des ports où s'arrêteront leurs porte-conteneurs géants. Leur décision et donc le sort du Havre seront connus avant la fin mars 2017.

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