Plusieurs indicateurs le laissent penser : à commencer par la production industrielle. Selon les derniers chiffres de l’Insee, elle a rebondi de 2,2 % en novembre. Un chiffre meilleur qu’attendu. Cette production progresse dans presque toutes les branches ; elle est portée entre autres par les industries d’extraction et par l’automobile. Et cela pourrait continuer : les carnets de commandes se maintiennent à un bon niveau et les chefs d’entreprise prévoient une hausse modérée pour ce mois-ci.
Enfin, autre élément encourageant, le nombre d’entreprises à avoir mis la clef sous la porte a baissé. Une diminution nettement plus marquée que pour l’ensemble des entreprises tous secteurs confondus.
Une réelle reprise ?
Les avis divergent parmi les spécialistes, et la prudence semble de mise. Le rebond au cours des mois de septembre, octobre, novembre est bien moins important, la production n’a augmenté au cours de cette période que de 0,7 %. Sur un an, les chiffres sont moins bons : au cours de ces trois mêmes mois, la production industrielle reste en baisse de 0,4 % par rapport à 2015.
Par ailleurs, si plusieurs indicateurs semblent s’aligner et être prometteurs, pour Sarah Guillou, économiste à l’OFCE, il faut attendre une confirmation de la tendance.
Taux d’intérêt et CICE
Pour la spécialiste, « cela s’inscrit dans un mouvement général ». Et si l’on y regarde de plus près, Jean-Paul Betbèze du cabinet Deloitte y voit l’effet des taux d’intérêt bas : des taux qui favorisent le crédit et donc la consommation.
Par ailleurs, même s’il est régulièrement critiqué par les détracteurs du gouvernement, plusieurs spécialistes attribuent aussi ce rebond au Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le fameux CICE voulu par François Hollande. Mais certains spécialistes y voient tout simplement un effet de cycle. Cela serait le bon moment pour que l’industrie prenne son élan.
En termes d’emploi, cet élan ne va sans doute pas contribuer de manière massive à une baisse du chômage. L’industrie n’est pas le secteur le plus porteur en raison notamment de la robotisation. L’économiste Philippe Waechter estime dans son blog qu’il y a dans le rêve de réindustrialisation une part de nostalgie. Selon lui même si l’industrie se développait de nouveau, elle n’entraînerait pas le retour de l’emploi industriel tel qu’il était dans les années 1960.
Les expériences de relocalisation en France donnent d’ailleurs des résultats limités. Des skis Rossignol aux vélos Solex, les relocalisations de production de l’Asie vers la France restent symboliques avec finalement peu d’impact. Un économiste assure que pour 10 emplois délocalisés on en relocalise un seul.