Afrique du Sud: charte minière et incertitude

En Afrique du sud, à la veille de la clôture de « Mining Indaba », le plus important rassemblement de l’industrie minière du continent au Cap, le ministre sud-africain des Mines a annoncé, mercredi 8 février, qu’un nouveau code minier serait publié prochainement. La révision du code minier est une affaire sensible dans le pays, car ce texte vise à redresser les inégalités du passé. Et notamment promouvoir l’émancipation économique des Noirs, dans une économie encore largement contrôlée par la minorité blanche.

Un véritable bras de fer s’est donc engagé autour du code minier sud-africain. Vingt-deux ans après la fin de l’apartheid, le gouvernement est sous pression pour réduire les inégalités. Le texte a été révisé à plusieurs reprises, notamment pour inclure plus de Sud-Africains noirs dans le secteur. Mais ça n’est pas assez, selon le ministre sud-africain des Mines, Mosebenzi Zwane : « nous ne parlons pas d’actions sur le papier, mais de bénéfices tangibles pour la population. L’Afrique du sud est loin d’avoir atteint ces objectifs. Si vous vous promenez dans le pays, vous verrez que les cabanes en tôle que vous voyez sont habitées à 90 %, même 99 %, par des Noirs. Quinze millions de Sud-Africains se couchent le soir sans manger. Cela doit être corrigé. »

La difficulté de respecter les quotas par manque de formation

Revu en 2010, le code minier prévoit notamment que 25 % du capital d’une société minière soit détenu par des Sud-Africains noirs. Pour la Chambre des mines, cet objectif a été atteint. Mais pour son président, Roger Baxter, le gouvernement est en train de remonter la barre sans consulter l’industrie : « clairement, nous n’allons pas être d’accord sur tout, mais il faut avoir des objectifs réalistes. Par exemple sur l’égalité dans l’emploi, auparavant les textes s’appliquaient à ceux considérés comme historiquement désavantagés, aujourd’hui ils ne se concentrent que sur les Sud-Africains noirs et les quotas à atteindre ont été relevés. Donc, non seulement la définition a été réduite, mais les objectifs sont plus élevés et l’impact est significatif. Vous n’avez pas, par exemple, suffisamment de femmes noires ingénieurs qui sortent d’école et qu’on peut intégrer dans le marché. »

Pour les analystes du secteur, le code minier doit être publié le plus rapidement possible, car l’incertitude effraie les investisseurs. Selon Peter Major, le texte qui s’apprête à être présenté est trop compliqué et totalement dysfonctionnel : « non seulement cela fait peur aux investisseurs, mais cela gèle toutes opérations existantes. C’est comme mettre du sable dans une machine. Cela n’attire absolument aucun nouvel investissement. Comment voulez-vous inciter les investisseurs à venir quand, à chaque nouveau projet, vous devez donner 25 % et même 51 % si vous êtes dans le secteur du charbon. Tous les investissements sont risqués. Quand vous prenez 100 % des risques, vous voulez 100 % des retours. Cette politique va à l’encontre de tous les principes même de la finance. »

Lors de cette édition 2017 de Mining Indaba qui s’est tenu du 6 au 9 février, le ministre sud-africain des Mines a tout de même annoncé que la nouvelle charte minière sera publiée au courant du mois de mars.

Partager :