C’est, à gauche, ce qui est à craindre et à la veille du deuxième tour de la primaire de la gauche, les journaux français à évoquer cette hypothèse ne sont pas rares.
Le plus explicite ce matin est le journal La Montagne/Centre France. « Le compte à rebours avant l'implosion du Parti socialiste est enclenché », lance ce quotidien du centre du pays.
Pour quelles raisons ? Eh bien parce que Benoit Hamon « devrait remporter le scrutin », pardi (!), anticipe noir sur blanc La République des Pyrénées. Alors, effectivement, l’hypothèse du J-2 est déjà sur la table, car « on va assister à des départs nombreux d'élus vers Macron », complète très explicitement ce journal du sud-ouest de la France.
Sud-Ouest, justement. C’est le titre d’un autre grand quotidien régional de cette contrée française. Et qu’écrit-il ce matin ? Que « jamais, sous nos yeux, un univers politique ne s'est ainsi fragmenté, morcelé et transformé. […] Le spectacle est sidérant. L'ensemble des habitudes politiques valse cul par-dessus tête », souligne Sud-Ouest dans son style fleuri.
Oui, confirme L'Union, cette élection sera « historique ». Car, complète ce confrère du nord-est (et on mesure ainsi à quel point la presse française est fébrile ce matin à l’approche de ce scrutin), « en déportant le parti vers le courant frondeur qui a pilonné le couple Hollande-Valls pendant trois ans, la victoire annoncée de Benoît Hamon ne renouerait pas seulement avec le PS d'avant 1983, elle redessinerait les contours idéologiques du parti d'Épinay ».
Comme le confirme plus sobrement L'Alsace, « nous vivons une période passionnante »
« Jusqu'où iront-ils ? se demande ainsi L’Alsace, si Manuel Valls et ses amis refusaient de soutenir les propositions du probable vainqueur de la primaire jusqu'à tenter un rapprochement avec Macron ? »
Car les trois conditions pour éviter ce scénario-catastrophe pour le PS - la bonne organisation, la forte mobilisation et le rassemblement - « paraissent inatteignables », prédit La Voix du Nord. Résultat, il sera « difficile de maintenir les ponts entre les deux rives du PS, dont l'une est fortement attirée par Macron ».
« Ça va secouer », prévient, en Une, Libération. Mais « quelle que soit l'issue du vote de dimanche, Hamon a réussi une petite prouesse dans cette primaire si courte : susciter un vrai élan avec un projet de société de rupture. Comme si la gauche attendait ça depuis longtemps ».
Fillon : dans la toile de Pénélope
Pendant ce temps, à droite, François Fillon cherche à rebondir, non sans mal. En pleine tempête dans l’affaire de sa femme Pénélope, le candidat de la droite « peut-il tenir ? », se demande Le Parisien.
François Fillon est « en quête d’un second souffle », lance Le Figaro. « Certes, estime ce quotidien conservateur, il n'y a pas lieu de mettre a priori en doute les affirmations de François Fillon, sauf bien sûr chez ceux qui sont attachés à sa perte et dont on aimerait être certains qu'ils ne se trouvent que sur la partie gauche de l'échiquier politique ».
En tout cas, la question n'est plus de savoir si l'affaire Pénélope laissera des traces dans le parcours électoral de François Fillon. Elle en laissera, prédit Le Journal de la Haute-Marne. C'est l'ampleur de l'impact qu'on ne connaît pas.
Françafrique : extension du domaine de l’antiterrorisme
Ils sont tous trois résidents en France, deux Tchadiens et un Congolais, en situation tout ce qu’il y a de plus régulière donc, mais par arrêté des ministres de l’Economie et de l’Intérieur publié au Journal officiel le 18 janvier, les comptes bancaires de ces trois personnes ont été gelés pour six mois. « En douce », estime Libération.
Cette mesure a été prise « au nom de l’antiterrorisme ». Article L562-1 du code monétaire et financier, précise ce quotidien. Lequel article de loi permet de geler « tout ou partie des fonds […] qui appartiennent à des personnes […] qui commettent, ou tentent de commettre, des actes de terrorisme ». Sauf que… « Sauf que, pour Libé, l’activité "terroriste" des trois hommes ne saute pas aux yeux ».
Il y a d’abord Mahamat Nouri. Ce Tchadien vit en France depuis cinq ans. Ancien ministre de Hissène Habré, puis d’Idriss Déby, il avait pris, en 2006, « la tête d’une rébellion armée, l’Union des forces pour la démocratie et le développement », explique Libération. Compte bancaire gelé ! Il y a ensuite Mahamat Mahadi Ali, qui est « à la tête du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad ». Là encore, compte gelé ! Il y a enfin Ferdinand Mbaou, ex-patron de la garde présidentielle de Pascal Lissouba, aujourd’hui « opposant revendiqué du maître du Congo-Brazzaville » Denis Sassou Nguesso. Compte gelé itou !
Parmi les dix noms figurant sur cette liste de la direction générale du Trésor publiée le 18 janvier, « ils sont les seuls à n’avoir aucun lien avec les sphères jihadistes », énonce Libé. Alors ? Alors les présidents tchadien Idriss Déby et congolais Sassou Nguesso « ont-ils le bras assez long pour pourchasser leurs opposants jusqu’en France ? », se demande, faussement naïf, le confrère. A suivre…