Bosnie-Herzégovine: le procès de Ratko Mladic

Après des années de procédure, le procès de Ratko Mladic entre ce lundi 5 décembre 2016 dans sa phase finale, avec le réquisitoire de l’accusation, puis la plaidoirie de la défense, prévue à partir de vendredi. L’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie-Herzégovine est accusé de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. 

Ratko Mladic doit répondre de onze chefs d’accusation de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Sa responsabilité de commandement est notamment évoquée dans le siège de Sarajevo, long de 44 mois, qui a occasionné la mort de près de 10 000 civils, mais aussi dans le massacre de Srebrenica, en juillet 1995 : on se souvient des images du général distribuant des bonbons aux enfants de cette enclave bosniaque, alors que ses troupes s’apprêtaient à fusiller tous les hommes. Au total, plus de 8 000 Bosniaques ont été massacrés en quelques jours à Srebrenica. Ancien officier de l’Armée populaire yougoslave, Ratko Mladic était devenu le chef des forces serbes de Bosnie-Herzégovine, dès le début de la guerre dans ce pays, au printemps 1992.

Ratko Mladic, une reddition négociée

Ratko Mladic a été inculpé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie dès 1995, quelques mois après le massacre de Srebrenica, et pourtant il n’a été arrêté qu’en mai 2011. En effet, après la signature des accords de paix de Dayton et la fin de la guerre, en décembre 1995, le général Mladic a longtemps vécu, sans se cacher aucunement dans des bases militaires serbes de Bosnie-Herzégovine. Il n’est passé qu’à partir de 2000 à une toute relative clandestinité : en effet, Ratko Mladic était régulièrement vu dans certains lieux publics de Belgrade ou encore dans le quartier de Banovo Brdo, où il possédait une maison.

Durant toutes ces années, le fugitif a bénéficié de la protection active des services secrets serbes, mais les pressions n’ont cessé d’augmenter sur Belgrade. Au final, il a été arrêté dans la maison d’un cousin, dans le petit village de Lazarevo, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale serbe, dans des conditions qui s’apparentent beaucoup à une reddition négociée.

Un procès historique

Le procès n'a malheureusement pas permis de faire la lumière sur les événements les plus tragiques de la guerre de Bosnie-Herzégovine ? Jusqu’à présent, les débats ont surtout porté sur la nature des faits – le massacre de Srebrenica présente-t-il un caractère « génocidaire » ? – et sur la responsabilité personnelle de Ratko Mladic. Par contre, ils n’ont pas permis d’éclairer l’ensemble des complicités, y compris occidentales, qui ont pu amener à la chute de l’enclave bosniaque.

De même, les circonstances exactes de la cavale de l’accusé et la nature des protections dont il a longtemps joui à Belgrade n’ont pas été mises à jour. En mars dernier, Radovan Karadzic, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, qui avait été arrêté en juillet 2008, au terme d’une cavale tout aussi mystérieuse, a été condamné à une peine de 40 ans de prison, dont il a aussitôt fait appel.

Dans le procès de Ratko Mladic, le verdict est attendu dans les prochains mois, mais les procédures d’appel pourraient encore traîner plusieurs années. La soif de justice des victimes de la guerre de Bosnie risque fort de se perdre dans les méandres de la procédure, tandis que les historiens risquent fort de rester sur leur faim, les procès menés à La Haye n’ayant guère permis d’éclaircir les zones d’ombres de la guerre.

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