Le référendum italien va-t-il remettre le feu aux marchés?

La zone euro est à nouveau en état d’alerte, à cause du référendum sur la réforme constitutionnelle organisé dimanche 4 décembre en Italie.

D’après les derniers sondages, ce scrutin risque de se transformer en raz-de-marée populiste et anti-européen. Le mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, crédité de 30 % des intentions de vote, a appelé à rejeter le toilettage de la Constitution, et d’autres partis se sont engouffrés dans la campagne du « non ». Les « Renzinomics » ont échoué à ramener la croissance, les Italiens sont plus pauvres qu’en 2011, toujours très affectés par le chômage, c’est pourquoi le référendum est en train de se transformer en vote anti-Renzi. Le président du Conseil s’est engagé à démissionner s’il ne trouve pas de majorité pour sa réforme.

Cette hypothèse rend les marchés extrêmement nerveux, car l’Italie est encore très fragile : c’est l’un des pays les plus endettés de la zone euro et c’est surtout celui qui n’a toujours pas fait le ménage dans le secteur bancaire. Le tiers des créances douteuses disséminées dans l’union monétaire sont détenues par des banques italiennes. Une crise gouvernementale en Italie pourrait donc être l’étincelle qui rallume le feu dans toute la zone euro. 

La Banque centrale européenne a même déjà écrit le scénario de la crise

Dès la fin novembre, dans son rapport sur la stabilité financière, la BCE a prévenu des risques à venir : les marchés de la dette souveraine se sont déjà tendus en Europe suite à l’élection de Donald Trump. Les taux américains vont probablement commencer à remonter en décembre et le mouvement va finir par traverser l’Atlantique. Les évènements en Italie pourraient précipiter cette remontée des taux ; un vrai péril pour la zone euro, car la plupart des États sont encore très endettés, indique le rapport de la BCE.

Le président Mario Draghi a exprimé ses craintes à mots couverts devant le Parlement européen. « Il est assez clair, a-t-il affirmé, que l’incertitude géopolitique est devenue la source majeure d’incertitudes pour les mois à venir ». Incertitudes sources d’incertitude, cela fait beaucoup ! Aux évènements connus, le Brexit et l’élection de Donald Trump, cités par le président Draghi, pourrait donc s’ajouter dès lundi la vacance du pouvoir à Rome.

La crise est-elle inéluctable en cas de victoire du non au référendum italien ?

En général, les vraies crises sont rarement annoncées. On a vu aussi que les catastrophes prophétisées en cas de Brexit puis en cas de victoire de Donald Trump n’ont pas eu lieu. Le scénario n’est donc pas écrit à l’avance. Enfin, même si la Banque centrale européenne dramatise en faisant part de son inquiétude, elle ne restera pas impuissante. Pour stopper net l’embrasement des marchés, il lui faudrait acheter massivement de la dette italienne. Ce qui ne fait pas partie de son mandat explicite.

Mais étant donné le risque de contagion, Mario Draghi a déjà fait savoir que la BCE se tenait prête à agir. La réunion mensuelle du conseil des gouverneurs est prévue jeudi prochain. En cas de non au référendum italien, le président devra une nouvelle fois user de sa force de persuasion pour rassurer, mais aussi utiliser la première cartouche à sa disposition : l’extension de son programme de rachat de dette.

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