Sous la direction de ce jeune turc du parti démocrate, la péninsule italienne a accompli en deux ans plus de réformes que lors des trente ans passés dit-on dans la presse transalpine. Avec des résultats impressionnants sur le plan économique : l'Italie en récession en 2014 a aujourd'hui renoué avec la croissance. Et la courbe du chômage s'est inversée ! La réforme du marché de l'emploi avec le Job Act qui a introduit des contrats à durée indéterminée plus faciles à révoquer, ainsi que la baisse des charges patronales a redonné confiance aux employeurs. Ils embauchent à nouveau. Pour doper la consommation, Matteo Renzi a aussi rendu un peu de pouvoir d'achat aux ménages avec un crédit d'impôt de 80 euros par mois pour les petits revenus et la suppression de l'impôt foncier et de la taxe d'habitation.
En revanche, sa fougue réformatrice n'a pas été très efficace dans le secteur bancaire
Le problème des banques italiennes remonte à 2012, explique Paola Monperrus-Veroni, économiste au Crédit Agricole. Quand la zone euro encaisse la crise de la dette, les créances douteuses s'accumulent. Elles sont le fait des PME éreintées par la récession et non d'une bulle comme en Espagne, où l’excès de l’immobilier a fait vaciller les banques. Contrairement à leurs concurrentes hispaniques, les grandes banques italiennes refusent le soutien de Bruxelles et préfèrent apurer elles-mêmes leurs comptes. Pour éviter de voir leur réputation ternie et donc leur taux d'emprunt augmenter sur les marchés. Le gouvernement est sur la même ligne car les banques détiennent des gros paquets d'obligations publiques, si elles sont fragilisées, cela va encore compliquer la gestion de la dette record de l'Etat, de l'ordre de 2000 milliards d'euros.
A son arrivée au pouvoir, Matteo Renzi somme les petites banques, trop nombreuses, de faire le ménage
Car à partir du premier janvier 2016, les nouvelles règles européennes interdisent le soutien public aux établissements en faillite. Toutes ne l’ont pas fait, leurs atermoiements expliquent le bouillon que tout le secteur a pris à la Bourse ces dernières semaines. La dette italienne étant toujours aux mains de ces banques, on a même parlé d'un risque de contagion à toute la zone euro. Un risque exagéré selon l’analyste du Crédit Agricole, mais il ne faut pas oublier que la note souveraine de l'Italie est faible, c'est un triple B-, et son endettement l'un des plus élevés en Europe, il représente 135 % de son produit intérieur brut.
Matteo Renzi a réformé son pays, il veut maintenant réformer l'Europe en rejetant l'austérité. Est-il crédible ?
L'Italie a réussi jusqu'à maintenant à rester dans les clous en contenant son déficit. C'est donc le bon élève de la classe euro qui demande un peu de répit. C’est justifié dans le contexte actuel de ralentissement mondial selon Paola Monperrus-Veroni. Car pour résorber la dette, il faut certes de la rigueur, mais aussi et surtout de la croissance pour générer des recettes fiscales. Il en faut au moins 1 %, pour 2016, l'Italie devrait faire au mieux +1,3 % de croissance, donc pas assez pour juguler cette dette. Quand Matteo Renzi fustige l'austérité, il veut surtout que l'Europe tout entière partage le fardeau et fasse de la relance. Ce que pourraient faire les pays ayant des excédents, comme cela est prévu par les traités. Il reproche à l'Allemagne de ne pas avoir rempli sa part du contrat. Son ministre de l'économie, Pier Carlo Padoan, doit présenter dans les jours qui viennent un plan pour changer cette politique qui n'a toujours pas ramené la prospérité dans la zone euro.