Le sésame reste une culture rémunératrice en Afrique de l’Ouest. Pour preuve, les surfaces ont encore augmenté cette année du Sénégal (5 000 tonnes prévues en 2016-2017), au Nigeria (290 000 tonnes) en passant par le Burkina Faso et le Mali. Résultat : la récolte ouest-africaine de sésame, qui débute à peine, devrait être 15 à 20% plus importante que l’an dernier. Le sésame ouest-africain est exporté avant tout pour être trituré et transformé en huile de sésame. Mais le Nigeria vend aussi du sésame blanc, comme l’Ethiopie et le Soudan, les deux champions africains de cet oléagineux (480 000 tonnes et 450 000 tonnes sont attendues respectivement dans chacun de ces pays). Un sésame blanc utilisé pour ses graines dans l’alimentaire ou transformé en pâte.
La transformation, elle, se fait majoritairement à destination, au Japon, en Inde, qui n’est plus autosuffisante et qui doit importer des graines de sésame. Le Mexique importe des graines et réexporte de l’huile de sésame. Les pays de la Méditerranée et du Moyen-Orient, Turquie, Israël, Irak, Iran, réexportent des produits transformés, pâte, tahina, halwa, vers le monde entier… Mais c’est la Chine encore une fois, qui oriente le marché mondial du sésame. Déficitaire en production, elle importe un million de tonnes de graines par an, la moitié de ce qui est produit sur la planète !
Pourtant une bonne partie de ces importations chinoises, massives en 2015 et 2016, s’entasse dans les ports, ce qui pèse sur les prix internationaux. Le sésame nigérian ne s’exporte plus qu’à 880 dollars la tonne coût et fret inclus, contre 1 100 dollars en 2015, témoigne un négociant, et deux fois moins cher qu’en 2013 et 2014, les années d’euphorie sur le marché du sésame.
Si cela ne décourage pas les producteurs ouest-africains, c’est que dans le passé, ils n’ont pas bénéficié à plein de l’envolée des prix, leur récolte était déjà vendue. Et qu’aujourd’hui un dollar plus élevé par rapport à l’euro compense en grande partie pour eux la chute des prix internationaux de la graine. Comme l’arachide, le sésame est de fait devenu une alternative de choix au coton pour les paysans ouest-africains.