Encore un déficit de café en vue en 2016-2017. Pour la troisième année consécutive la production caféière mondiale sera inférieure à la consommation. Pourtant les producteurs d'arabica font mieux cette année et en particulier la Colombie : ses caféiers se sont remis de l'épidémie de rouille. Mais c'est au tour de la production de robusta de décliner avec une récolte catastrophique de conilon au Brésil. Elle chute de 40% à cause de la sécheresse dans l'Etat d'Espirito Santo (sud-est). L'offre de robusta du Vietnam et de l'Indonésie est également en baisse, conséquence du passage d'El Niño.
Résultat, les stocks mondiaux se tassent, pas trop en Europe, où la consommation stagne, mais en Amérique du Nord et surtout dans les pays producteurs eux-mêmes. Ils consomment de plus en plus leur propre café et le Brésil a continué d'exporter au maximum en puisant dans ses réserves. Même si les trois années de déficit suivent trois années de surplus, la tendance est donc à la baisse des réserves mondiales. On a moins de quatorze semaines de consommation d'avance, comme en 2010.
La situation n'est pas encore alarmante, mais il faut reconstituer les stocks, reconnaît un négociant, il va falloir que tout se passe bien au Brésil sur la prochaine campagne. C'est la rançon d'une concentration de plus en plus forte de la production caféière mondiale dans quelques pays, en premier lieu Brésil et Vietnam : lorsqu'ils subissent un aléa climatique, l'impact n'en est que plus fort sur le marché mondial.
Les plus petits pays producteurs délaissent progressivement leur production caféière face à la mécanisation croissante de ces concurrents, face à l'augmentation du coût de la main d'œuvre et des intrants. Or il faut régénérer les caféiers régulièrement. Difficile pour un petit cultivateur de café qui ne reçoit en moyenne que 7% du prix au consommateur d'un paquet de café de supporter seul l'augmentation de toutes ses charges, alors que les cours ne sont finalement pas plus élevés que dans les années 80.