Hausse record du revenu des ménages aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, le revenu des ménages américains a fortement augmenté en 2015. C’est une première depuis le début de la crise financière.

Le revenu médian a fait un bond prodigieux l'an dernier aux Etats-Unis de plus de 5%, d'après le Census bureau, l'agence officielle des statistiques américaines. Le revenu médian est le curseur séparant la population en deux moitiés, d'un côté sont rangés ceux qui gagnent le plus et de l'autre ceux qui gagnent le moins. Cette forte hausse, une première depuis 2007, a fait sortir de la pauvreté 3,5 millions d'Américains. Un tel recul, c'est aussi un record jamais atteint depuis l'ouverture du bureau des statistiques en 1968. La Maison Blanche a beaucoup communiqué sur cette extraordinaire embellie en soulignant que les ménages les plus pauvres et ceux des classes moyennes en ont été les premiers bénéficiaires.

La croissance retrouvée se matérialise enfin dans le portefeuille des ménages américains.

Cela fait déjà huit ans que l'économie américaine a retrouvé le chemin de la croissance. Il y a trois ans le produit intérieur brut des États-Unis a même dépassé son niveau d'avant la crise. Et c'est donc seulement en 2015 que cette sortie de crise s'est traduite par une réelle hausse du pouvoir d'achat des familles américaines. Un aussi grand décalage dans le temps intrigue les économistes. En 1969, les ménages avaient récupéré leur niveau de vie d'antan et repartaient de plus belle trois ans après la crise mais cette convalescence dure de plus en plus longtemps. Le dénouement heureux de la grande récession se fait toujours désirer.

Les hausses de salaire demeurent faibles.

Elles sont encore trop faibles pour soutenir l'activité, ont rappelé cette semaine des analystes de la réserve fédérale. Si les revenus ont beaucoup augmenté l'an dernier, ce n'est pas grâce à la hausse des rémunérations mais surtout grâce au plein emploi. La hausse du salaire minimum a été cantonnée aux Etats les plus dynamiques. Pas grand-chose n'a bougé pour les oubliés de la croissance. Notamment pour les habitants des États désindustrialisés de la « rust belt », la ceinture rouillée, ils sont de plus en plus nombreux à être séduits par le discours de Donald Trump. A l'autre extrémité de l'échelle des revenus, les progressions ont été plutôt en faveur des urbains, hautement qualifiés. Le fossé entre ces deux Amériques reste toujours aussi béant.

Le quotidien des classes moyennes s'est amélioré mais leur déclin n'est pas enrayé pour autant ?

On est encore loin du pic des revenus des belles années 1990. Avec un revenu médian annuel de 56 000 dollars en 2015, le représentant de la classe moyenne américaine se rapproche du niveau de vie qu'il avait avant la crise mais il ne l'a pas encore complètement rattrapé. Enfin, la misère a réellement reculé mais elle concerne encore 43 millions d'Américains vivant en dessous du seuil de pauvreté. Les 20% d'américains les plus déshérités se partagent 3,4% du gâteau, c'est-à-dire une part assez mince –plus mince qu'en 1974– tandis que dans le haut du panier, les 5% les plus riches, croquent dans une part représentant près de 22% du revenu national. Une part qui s'élargit au fil des décennies. Le recul de la pauvreté ne passe toujours pas par la réduction des inégalités. Pas vraiment de quoi raviver le rêve américain.

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