Le blé français est rare et pas cher. La pire des configurations pour les céréaliers de l'Hexagone, habituellement premiers exportateurs d'Europe. Les rendements de blé ont chuté de 30% cette année en France, à cause des inondations du printemps, la récolte pourrait ne pas dépasser les 30 millions de tonnes de blé, contre 42 millions de tonnes et demi l'an dernier.
Comble de malchance pour les agriculteurs français, les prix mondiaux sont très bas, cette année, parce que partout ailleurs, on enregistre à l’inverse des productions de blé record, qui font chuter les cours. Aux Etats-Unis (63,2 mégatonnes selon l'International Grain Council, IGC), on ne sait plus où stocker les grains. Les silos débordent aussi en Russie (70 mt), qui sera cette année le premier pays exportateur de blé au monde, en lieu et place de l'Union européenne. Dans toute la région de la Mer Noire, en Ukraine (26,5 mt), au Kazakhstan (14,5 mt) la récolte est très bonne et elle est très prometteuse en Australie (27,5 mt).
Cette avalanche de céréales pèse lourdement sur les cours du blé. A la bourse de Chicago, le boisseau vaut moins de 4 dollars, trois fois moins qu'en 2008. A la bourse de Paris, malgré la chute de la production européenne (145,2 mt), la tonne de blé vaut moins de 155 euros, près de deux fois moins qu'il y a sept ans.
Ces prix bas n'arrangent pas les affaires des agriculteurs. En revanche les pays importateurs ont l'embarras du choix à prix cassé. Le plus gros acheteur au monde, l'Egypte, peut ainsi se permettre d'imposer à nouveau zéro trace d'ergot, un champignon, dans les cargaisons de blé, ce qui est impossible à garantir par les chargeurs. Le Caire gagne probablement du temps sur ses appels d'offre pour mieux faire jouer la concurrence entre le blé américain et celui de la mer Noire, qu'il soit russe, ukrainien, kazakh ou roumain. Le blé français n'est plus trop dans la course faute de disponibilité suffisante. Deux fois moins de licences d'exportation ont été émises par rapport à l'an dernier.