La prochaine récolte de blé russe ne trouve pas d'acheteur

Les exportations de blé russe ont été massives au premier trimestre, malgré la crise ukrainienne. Mais la prochaine récolte est boudée par les acheteurs.

La prochaine récolte de blé russe ne trouve pas d'acheteur. Jusqu'à présent la Russie et l'Ukraine, quatrième et cinquième exportateurs de blé, n'ont eu aucun problème à expédier leurs grains, malgré la crise ukrainienne : les ports de la mer Noire n'ont pas été perturbés, la Russie a même exporté des quantités record de blé sur tout le premier trimestre ! En revanche, la commercialisation de la prochaine campagne de blé russe, celui qui sera récolté en juillet, a très mal commencé. Personne ne se risque à commander le blé russe nouvelle récolte. C'est moins la menace de problèmes logistiques qui arrête les acheteurs, que la crainte de sanctions financières contre la Russie qui les paralyse, explique François Luguenot, analyste des marchés chez InVivo.

Si les Etats-Unis décident dans les semaines qui viennent d'aggraver les sanctions et d'empêcher les banques russes de traiter du dollar, elles ne pourront plus recevoir un paiement ni ouvrir une lettre de crédit : les transactions commerciales seront impossibles. C'est exactement la situation qu'a connue l'Iran : Téhéran s'est retrouvé dans l'incapacité de vendre son pétrole en dollars sur le marché international, l'Iran a dû en partie revenir au troc pour exporter son brut en Inde. Peu d'opérateurs croient vraiment que les Occidentaux auront le cran d'imposer des sanctions financières similaires à la Russie, précise François Luguenot, mais c'est une épée de Damoclès suffisamment dangereuse pour qu'aucun acheteur potentiel (notamment en Afrique du Nord), n'accepte de payer le blé russe nouvelle récolte au prix que Moscou propose. Si les sanctions financières prenaient réellement corps, ce seraient potentiellement 15 à 20 millions de tonnes de blé russe exportable, soit 13 % du commerce mondial, qui ne pourraient pas quitter la Russie. De quoi faire flamber les cours.

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