Michelin veut du caoutchouc zéro déforestation pour ses pneus

Le numéro un mondial du pneu Michelin s'engage à n'acheter que du caoutchouc zéro déforestation. Encore faut-il se mettre d'accord sur les critères avec les fournisseurs, Claire Fages.

Michelin veut du caoutchouc zéro déforestation pour ses pneus. C'est une première dans cette filière, après des années d'initiatives comparables dans les secteurs de l'huile de palme ou du papier. Le pneumaticien français, géant du secteur, adopte même les critères les plus exigeants, à savoir le respect y compris des forêts secondaires et des tourbières, si elles ont un degré élevé de stockage du CO2 (High Carbon Stock ou HCS).

Encore faut-il que ses fournisseurs soient compatibles. C'est le cas de Barito Pacific, avec lequel Michelin a conclu un accord de co-entreprise pour se fournir en caoutchouc naturel indonésien. Mais pas de la Socfin : la société belgo-luxembourgeoise ne s'est pas encore imposé de tels critères de durabilité dans ses plantations d'Asie et d'Afrique, elle ne s'interdit que les parcelles à haute valeur de conservation (High Conservation Value), principalement celles qui abritent les espèces menacées. Greenpeace presse Michelin de renoncer à ce fournisseur, tant qu'il ne respecte pas aussi les aires forestières à stockage élevé de carbone. A Sao Tome, des zones où la biomasse est très dense ont disparu des cartes satellites au profit des plantations de la Socfin, estime l'association environnementale. D'autres forêts seraient cernées par les plantations d’hévéas en République du Congo, au Cameroun et au Liberia.

Tracer les approvisionnements durables peut certes s'avérer difficile mais les manquements peuvent aussi coûter très cher à l’industrie aujourd'hui. Le géant de l'huile de palme IOI en fait l'amère expérience. En mars dernier le groupe malaisien a perdu sa certification RSPO, dont il était pourtant membre fondateur, parce qu'une de ses filiales avait abattu des forêts sur l'île de Bornéo. Depuis, IOI a perdu ses plus gros clients : Nestlé, Mars, Unilever, ADM et Louis Dreyfus. L'action du fournisseur d'huile de palme a chuté de 15%, IOI pourrait aussi voir sa note dégradée par Moody's.

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