L’avenir du nucléaire

30 ans après la catastrophe de Tchernobyl, 5 ans après celle de Fukushima, le nucléaire civil fait toujours partie du mixte énergétique. Cette industrie est même en plein essor dans certains pays.

La Biélorussie où le quart du territoire a été pollué par l'accident de Tchernobyl est en train de construire sa première centrale nucléaire, avec la technologie et l'argent du grand frère russe. L'Ukraine où s'est produite la catastrophe a toujours 4 centrales en activité et elle prévoit même de prolonger l'une d'elles de dix ans avec le soutien financier de l'Union européenne.

Quant à la Russie, elle a 8 centrales en chantier. Plus à l'Est, cette industrie est encore plus dynamique. Avec deux acteurs de premier plan. La Corée du Sud et surtout la Chine qui a prévu de doubler sa capacité de production d'ici 4 ans. Dans ce pays 22 chantiers sont en cours. Cela représente à peu près le tiers du total des réacteurs en construction dans le monde entier.

Pourquoi ces pays émergents ont-ils choisi le nucléaire ?

Pour devenir maître de leur approvisionnement en électricité. C'est vrai pour ceux qui n'ont pas de gaz ou de pétrole. Comme pour ceux qui développent les énergies vertes dépendantes de l'ensoleillement ou du vent. Le nucléaire permet aussi d'avoir plus de visibilité sur les coûts. Contrairement aux hydrocarbures dont les prix varient fortement d'une année à l'autre, le coût du nucléaire est stable. Enfin plusieurs pays voient dans cette industrie un juteux débouché à l'export.

La Chine s'apprête à construire deux centrales en Argentine en fournissant la technologie et le crédit, la Corée du Sud tout comme la Russie sont devenus de redoutables concurrents pour la filière française. Car même si les nouvelles exigences en matière de sécurité ont gonflé les coûts, cette industrie demeure rentable, l'Agence internationale à l'énergie estime que le marché est loin d'être mature, aux 65 centrales en construction s'ajoutent 170 autres projets.

En revanche en Occident, cette industrie est aujourd'hui quasiment à l'arrêt

C'est vrai que l'Allemagne et l'Italie y ont renoncé, que les Etats-Unis ont stoppé net la construction de nouvelles centrales après l'accident de Three Miles Islands en 1978. Que 5 ans après Fukushima, le Japon s'interroge encore sur l'avenir de l'atome civil. Mais l'Europe demeure la première région nucléaire au monde avec 129 réacteurs, dont la moitié en France, où cette industrie hier en pointe est aujourd'hui en pleine tourmente. La stratégie tout nucléaire suivie par EDF est aujourd'hui remise en cause pour de multiples raisons. Entre autres pour des raisons politiques.

Le président François Hollande s'était engagé à réduire le poids de l'électricité nucléaire de 75 à 50 % d'ici 2025.

Ce choix destiné à amadouer les électeurs écolos a de plus en plus de légitimité économique. L'électricité solaire ou éolienne coûte aujourd'hui moins de 80 euros le mégawattheure tandis que l'électricité nucléaire qui sera produite au Royaume-Uni si le projet de Hinkley Point est finalisé, coûtera plus de 110 euros le mégawatt/heure. Enfin l'Etat en cours de désendettement est devenu plus prudent dans ses investissements.

Si on ajoute les difficultés liées à l'EPR en Finlande comme en France et aux déconvenues d'Areva qu'EDF doit reprendre à son compte, peu d'arguments plaident en faveur du nucléaire français. Peu, mais qui font tout de même réfléchir: entre autres le poids de l'atome dans la balance commerciale, cela représente 5 à 6 milliards d'euros par an à l'export, soit l'équivalent d'un mois de déficit.

Partager :