Assouplissement des CDI, baisse des charges patronales, réduction des indemnités chômage, décentralisation des négociations, voici en résumé ce qu’ont fait plusieurs pays européens. Sans aller jusqu’à l’hyperflexibilté du marché du travail comme au Royaume-Uni, ils ont reformé leur droit du travail depuis la crise de 2008.
D’abord sous la pression des facteurs intérieurs, la dégradation rapide de l’emploi a obligé les pays du sud de l’Europe, l’Espagne, l’Italie et le Portugal à entreprendre plus de réformes notamment en matière de protection de l’emploi et d’assurance chômage. À cela s’ajoute la pression extérieure de la gouvernance européenne comme contrepartie au versement d’une aide financière. C’est le cas de l’Irlande, du Portugal et dans une moindre mesure de l’Espagne.
L'assouplissement des licenciements économiques
Une tendance générale dans tous ces pays qui ont entrepris des réformes, c’est l’assouplissement des licenciements économiques surtout en CDI. Des pays avec des niveaux de protection de l’emploi élevés comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal, mais aussi les Pays-Bas ont rendu moins rigide le statut du CDI.
Ils ont simplifié les motifs et les procédures de licenciement avec une tendance à la baisse des indemnités de rupture de contrat. En Italie, par exemple, le juge ne pourra plus ordonner la réintégration d’un salarié en CDI en cas de licenciement non justifié. L’Espagne de son côté a mis en place un CDI plus flexible pour les entrepreneurs et les petites entreprises.
Pour limiter le nombre des procédures judiciaires, au Royaume-Uni, le salarié licencié doit payer une certaine somme avant d'attaquer en justice son employeur. Les motifs de licenciement ont été assouplis. En Espagne par exemple, une entreprise peut commencer à licencier dès qu’elle constate une forte baisse d’activité, sans attendre donc des pertes économiques. En gros, l’objectif des pays du Sud est de réduire les coûts des licenciements, diminuer les incertitudes juridiques des patrons afin d’inciter les entreprises à embaucher d’avantages.
Ces réformes ont donné des résultats ?
Les résultats les plus visibles sont en Espagne ; le pays a créé 1 million d’emplois entre 2014 et 2015 et le chômage est descendu de 25 % à 20,5 %. Le chômage recule aussi en Italie. Depuis la création du CDI flexible, 100 000 emplois en contrat à durée indéterminé ont été créés et le chômage est tombé à 11,3 %, au plus bas depuis 3 ans.
Mais des pays n’ont pas fait de réformes depuis la crise, c’est le cas de l’Allemagne. Ce pays a réformé son marché du travail il y a plus de 10 ans. Assouplissement du régime du licenciement pour les entreprises de moins de 10 salariés, développement d’emplois à bas coût, les mini-jobs, et libéralisation de l’intérim.
L’Allemagne a décentralisé aussi la négociation collective de la branche vers l’entreprise. Ella a aussi réduit la durée de l’indemnisation chômage. Pour favoriser le retour à l’emploi, le pays a également renforcé les contrôles de la recherche de l’emploi. Résultat : en 10 ans l’Allemagne a créé 2,5 millions emplois, dont principalement des temps partiels, des contrats intérim et des CDD.