Tard hier soir, au terme d’un vrai marchandage, un accord a donc été conclu à Bruxelles entre David Cameron et les vingt-sept autres dirigeants de l'Union européenne pour éviter une sortie du Royaume-Uni. Le Premier ministre britannique voulait des arguments pour battre campagne en faveur du maintien de son pays dans l’Union. C’est fait !
Mais sera-ce suffisant ? Le Figaro a comme un doute. Parce que « l'habillage » confectionné à Bruxelles relève de la « dentelle technocratique », d’abord. Autrement dit, ce compromis est à ce point tarabiscoté qu’il en est « indéchiffrable par le commun des mortels », déplore le quotidien. Parce que ce journal conservateur se demande si le tout aussi conservateur Cameron n'a pas déjà donné le « baiser de la mort » à l'Europe unie ensuite. Car le compromis de Bruxelles met le « ver dans le fruit », remarque le quotidien, « nul n'a plus de raison de se plier aux règles communes, puisqu'on peut s'y soustraire moyennant un peu de chantage ». D’où ce syllogisme désabusé du Figaro : « si la Grande-Bretagne reste dans l'UE aux conditions qui lui sont faites, elle la tue ; si elle s'en va, elle la tue aussi ».
Royaume-Uni : la tentation de Londres
Un syllogisme qui n’a pas échappé à l’ensemble de la presse. Témoin Libération, qui, à regret, ne peut que déplorer l’accord de Bruxelles. Parce que « seuls les juristes les plus pointus comprendront » le compromis de Bruxelles d’abord. Parce que cet accord tarabiscoté obtenu à l’arraché crée un « précédent dangereux » dont d’autres pays de l’Union pourraient demain se prévaloir pour obtenir à leur tour des concessions ad hoc ensuite. Et s’il n’y avait que le Royaume-Uni… Comme le remarque accessoirement Libé, ce compromis de Bruxelles est une « bonne pub pour le Frexit du Front national », autrement dit une éventuelle sortie de la France de l’Union européenne prônée par le parti de Marine Le Pen. « Le parti d’extrême droite voit dans la méthode britannique une opportunité de crédibiliser ses propres propositions en matière européenne », déplore Libération.
La Voix du Nord n’écrit pas autre chose. « Le bras de fer entre Cameron et ses homologues donne des idées aux souverainistes de tous horizons. Si Londres entame un chantage à l'exit, pourquoi pas les autres ? Pourquoi pas le voisin irlandais ? Pourquoi pas les Pays-Bas ? Et pourquoi pas la France où le FN eurosceptique séduit de plus en plus ? », se lamente ce le quotidien du septentrion français.
C’est ainsi, soupire La Presse de la Manche, « l'Europe va mal et la France ne va pas bien »
« Face aux crises, financières ou migratoires, les dirigeants européens patinent », confirme L’Est Républicain et le « cynisme » britannique s'avère navrant, car il remet une « couche d'unilatéralisme et d'égoïsme » au cœur d'une Europe déjà grandement déboussolée où des « relents nationalistes prospèrent en embuscade », se navre ce journal de l’est du pays.
Oui, enchérit Le Journal de la Haute Marne, la Grande-Bretagne a allumé une « méchante mèche » dans l'édifice européen. L'UE aujourd'hui, « porte mal son nom. Elle est devenue une addition de chacun-pour-soi ». N’en jetez plus…
Niger : crispante veillée d’urnes
J – 1 au Niger pour l’élection présidentielle. Sur place, la tension est palpable. C’est ce que ressent sur place Le Figaro, à la veille du premier tour de ce scrutin. Le quotidien français évoque le « climat dégradé » qui prévaut dans ce vaste pays sahélien, « champion du monde de la fécondité », avec le « plus haut taux de fertilité de la planète, 7,6 enfants par femme », précise le journal. Et c’est justement une affaire d’adoption illégale d’enfants, que le Figaro trouve « étrange », qui vaut à l’opposant Hama Amadou d’être tout à la fois candidat à cette élection et « incarcéré » depuis son retour à Niamey le 14 novembre dernier.
Tension donc à la veille du premier tour, c’est aussi ce que ressent la chercheuse Elisabeth Sherif, qui le dit longuement au journal Libération. Cette ancienne universitaire nigérienne trouve « incroyable » la situation « inédite » de celui qu’elle appelle « l’ancien faiseur de roi » Hama Amadou. Elle note aussi un « durcissement », qu’elle qualifie d’ « incontestable », du camp Issoufou, le président sortant, candidat à sa succession, mais durcissement également « de l’opposition », s’empresse-t-elle d’ajouter. Pour Elisabeth Chérif, le « tissu démocratique » du Niger s’est « déchiré », et, dans Libération ce matin, elle trouve cela « inquiétant ».
Harper Lee : du silence pour l’oiseau moqueur
Hommage, enfin, de la presse française à Harper Lee. Le monde littéraire est en deuil. Il l’est doublement puisque, dans la nuit, nous avons appris la disparition d’Humberto Eco, à une heure trop tardive pour que la presse écrite puisse lui rendre hommage.
Mais elle rend hommage à Harper Lee, disparue à l’âge de 89 ans dans sa ville natale de Monroeville, Alabama, connue mondialement comme auteur du roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, qui avait obtenu le prix Pulitzer en 1960. Il avait ensuite été adapté à l’écran par Robert Mulligan, sous le titre, en France, Du silence et des ombres, avec Gregory Peck dans le rôle d’Atticus Finch, rappelle Le Figaro.
Hommage également de Libération à celle qui fut aussi amie d’enfance de Truman Capote. Harper Lee s’était depuis belle lurette « rangée du monde littéraire et médiatique ». L’oiseau moqueur a donc pris son envol. Ne reste plus que du silence, et plus d’ombres…