A la Une: remaniement, tout changer pour ne rien changer

Comme disait Lampedusa, « il faut que tout change pour que rien ne change ». C’est peu dire que le remaniement du gouvernement français a déçu Le Parisien, qui traite carrément François Hollande de « Monsieur Bricolage », du nom de cette chaîne de magasins spécialisés dans le bricolage en France. Car si le président avait « su gagner ses galons de chef d'Etat » l’an dernier lors des attentats et de la crise grecque, il est soudain redevenu le « boutiquier » du Parti socialiste, « expert-comptable » en « petits calculs » politiques, éreinte Le Parisien.

« Bienvenue sur le "Titanic" ! », lance Le Figaro, au sujet du nouveau gouvernement français. Etant rappelé, s’il en était besoin, que le Titanic fut ce navire britannique qui a sombré en 1912 après avoir heurté un iceberg au large de Terre-Neuve, ce quotidien conservateur moque donc le « Titanic gouvernemental, dont l'angle de gîte impressionne un peu plus chaque jour » et qui, prédit Le Figaro, continuera de « s'enfoncer irrémédiablement » jusqu'à la fin du quinquennat, avant de se demander comment le chef de l'Etat a réussi à « trouver des volontaires pour monter à bord ».
Evoquant les « rogatons » de cette fin de quinquennat, c’est-à-dire les restes, les débris, les reliefs qui trainent dans les plats le repas une fois fini, L’Humanité s’en prend vivement à Emmanuelle Cosse et Jean-Marc Ayrault et voit dans ce remaniement une confirmation de la « dérive droitière du tandem gouvernant » ainsi que le « rabougrissement » de ses soutiens. Pour le quotidien communiste, le nouveau cabinet Valls c’est un « casting rêvé pour les humoristes ! »

« Rares sont ceux qui voient dans le nouveau dosage le puissant élixir qui solidifiera une majorité divisée », énonce, plus mesuré, le journal La Croix. Une majorité dont le président cherche à « recoller les morceaux », explique le quotidien catholique.

Et oui ! « Hollande n'a pas changé, confirme Le Républicain Lorrain. Et le renouvellement de l'équipe gouvernementale ne marque aucune variation de cap ».

L'Opinion voit dans ce remaniement un « rabibochage (qui) donne l'illusion de l'action ». Et convoque le roi antique Pyrrhus qui disait « Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus ».

Quai d’Orsay : Ayrault, le retour

L'ancien Premier ministre rejoint le Quai d'Orsay, c’est « presque une tradition désormais, estime La Nouvelle République du Centre Ouest, il parle couramment allemand, ce qui aidera dans la relance du couple franco-germanique ».

Pour Le Journal de la Haute-Marne, François Hollande a choisi Jean-Marc Ayrault pour le Quai d'Orsay afin de « neutraliser une partie de la gauche du PS, attirée par le discours des frondeurs. Mais dans une période où les défis internationaux sont impressionnants, l'ancien Premier ministre au caractère effacé aura-t-il la carrure pour les affronter ? », se demande ce journal.

Etant rappelé que l’ancien Premier ministre est aussi élu de Nantes, métropole de la côte atlantique française, le journal Le Midi Libre souligne que Jean-Marc Ayrault est le « plus fervent supporter » du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dans sa région nantaise. Le quotidien méridional souligne le « retour en grâce » du nouveau ministre des Affaires étrangères et prévient qu’il n’est pas question pour lui « d'enterrer le projet ». 

De son côté, le journal Ouest France, on ne peut plus lu dans le grand ouest, avoue ce matin ignorer si l'ex-Premier ministre « a le profil d'un chef de la diplomatie d'un pays en guerre », mais il souligne son « engagement européen », ses « relations », sa « proximité » avec l'Allemagne et trouve que tous ces atouts ont « du sens ». D’autant que, ces temps-ci, l’Europe est rudement malmenée par les « politiques de rigueur » et les « crises » migratoires et agricoles. Lesquelles fragilisent la « plus belle construction politique de l'après-guerre », regrette Ouest France.

Pas du tout, rétorque La Voix du Nord. Pour ce quotidien du septentrion français, la « seule » nomination qui pourrait avoir un « vrai sens » politique, c’est celle d'Emmanuelle Cosse, jusqu'à hier après-midi patronne d'Europe Ecologie-Les Verts ! Car si la « version hollandaise de l'élargissement à gauche » consiste à « faire éclater la maison verte », suppose La Voix du Nord, alors l'affaire semble effectivement « bien engagée ».

Physique : révolution

Pas de commentaire sur la Syrie, la presse ayant été prise de cours par l’accord de cette nuit… On termine par cette découverte majeure enfin dans l’univers, celui sans limites dans lequel nous vivons mais aussi celui de la physique : des chercheurs viennent d’observer les ondes gravitationnelles. Pour la presse française, c’est une vraie révolution. En septembre dernier, des chercheurs américains, français, italiens et allemands ont en effet réussi à capter ces ondes dont le physicien Albert Einstein avait démontré l’existence via sa théorie de la relativité générale.

Comme le souligne Le Figaro, cette « première » détection directe d’ondes gravitationnelles est une « découverte majeure », attendue depuis des décennies. Il aura donc fallu cent ans pour que l’expérience aboutisse. Et le résultat est publié par la revue intitulée Physical Review Letters.

Faute de temps, hors de question, ici, d’expliquer par le menu de quoi il est question… Non, bien sûr, même avec tout le temps nécessaire, j’avoue en être incapable. Et faire confiance à Libération qui annonce ce matin le « début de l’astronomie gravitationnelle ». Avec elle, « c’est tout un nouveau champ de recherche qui s’ouvre », assure Libé. Alors… Faute de révolution au gouvernement, vive la physique !

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