L'oléoduc Keystone XL continue de donner des maux de tête à l'administration américaine. Alors que Barack Obama a rejeté il y a à peine deux mois ce projet transfrontalier, qui devait raccourcir le chemin pour le pétrole des sables bitumineux canadiens jusqu'aux raffineries du golfe du Mexique, TransCanada, le constructeur du pipeline, réclame pas moins de 15 milliards de dollars de réparations au gouvernement américain.
Washington aurait, selon l'entreprise canadienne, violé les principes du traité de libre-échange nord-américain, l'ALENA, censé protéger les investissements canadiens aux Etats-Unis. TransCanada conteste également la légalité du véto présidentiel, alors que le Congrès avait approuvé Keystone XL.
Il est vrai que la décision de Barack Obama, à la veille de la conférence de Paris sur le climat, était très symbolique. Le président démocrate ne voulait pas être celui qui aurait donné son feu vert à un projet associé aux hydrocarbures parmi les plus sales de la planète. Barack Obama n'a pourtant pas tenu compte du rapport environnemental du département d'Etat qui concluait à l'impact mineur de l'oléoduc sur le climat : le tracé avait été modifié pour éviter une zone naturelle fragile, et le pétrole des sables bitumineux canadiens trouvait de toute façon d'autres voies pour rejoindre le territoire américain, dont la route et le chemin de fer, plus risqués, ou de plus petits oléoducs, autorisés parce qu'ils n'étaient pas dans le radar médiatique !
Le Canada est déjà devenu un fournisseur majeur de brut lourd aux Etats-Unis, aux dépens de l'Arabie saoudite et du Venezuela. Quant à l'impact que pouvait ou non avoir cet oléoduc sur les intérêts américains, le rapport n'a jamais été rendu public : Barack Obama a opposé son véto quelques jours avant.
Le département d'Etat se contente d'estimer que l'oléoduc n'aurait pas permis au prix de l'essence de baisser plus, ni à l'économie américaine de prospérer davantage grâce à ce chantier.
L'industrie pétrolière américaine, elle, continue de promettre des dizaines de milliers d'emplois supplémentaires grâce à Keystone XL, un projet qu'on croyait mort et enterré, mais qui pourrait ressusciter dès qu'il y aura un nouvel hôte à la Maison-Blanche, dans un an.