Glencore veut refaire ses marges sur le pétrole libyen

La société de négoce Glencore a conclu un accord avec le gouvernement de Tripoli non reconnu, pour commercialiser la moitié du pétrole libyen encore disponible.

Glencore veut refaire ses marges sur le pétrole libyen, quitte à conclure un accord avec le gouvernement non reconnu de Tripoli. Le groupe suisse de négoce s'est engagé auprès du gouvernement islamiste de Tripoli à charger 120 000 barils par jour, la moitié du brut encore exportable de Libye. Glencore profite du flou juridique ambiant. Il n'y a pas d'embargo imposé par la communauté internationale sur le pétrole libyen, pas même sur celui que vend le gouvernement illégitime de Tripoli.

Il faut dire que le gouvernement reconnu de Tobrouk, à l'Est, n'a pas vraiment réussi à imposer sa propre compagnie nationale de pétrole, et que la Banque centrale est toujours rattachée à Tripoli, tout comme la compagnie nationale de pétrole historique, la NOC, celle qui a rédigé les contrats avec les compagnies pétrolières.

Se contenter du pétrole en mer

Les majors encore présentes en Libye, comme Eni et Total, se contentent malgré tout prudemment du pétrole en mer, à l'abri des combats. Les compagnies étrangères ne se risquent pas à charger du pétrole sur les côtes, avec des terminaux pétroliers qui passent d'un camp à l'autre du jour au lendemain. C'est le cas du port de Zueitina, qui vient de passer sous le contrôle du gouvernement de l'Est ; de ce fait le gouvernement de Tripoli est privé d'un débouché et il ne peut plus raffiner son pétrole à Ras Lanouf, les installations sont fermées.

Glencore prend le risque de charger ce pétrole dont Tripoli ne sait plus quoi faire, dans des bateaux qui partiront d'un terminal à l'est du pays, près de Tobrouk, le camp adverse ! « Glencore a le goût pour les accords controversés, résume l’expert Francis Perrin, dans lesquels, même en terme d'image, les compagnies pétrolières ne se lanceraient pas ». Il faut dire qu'avec l'accord libyen, souligne un autre spécialiste Philippe Sébille-Lopez, « Glencore se garantit une belle marge, ce pétrole libyen lui sera fourni à prix cassé », et tant pis si les volumes et la durée ne sont pas garantis. La division pétrolière de Glencore tente là un nouveau coup pour soulager la dette énorme du reste du groupe, plombé par ses activités minières.

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